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Qu’est-ce que la doctrine de la guerre juste ?

A première vue, tout prête à penser qu’il est impossible de réconcilier la guerre avec des principes éthiques. Étant donné qu’une guerre implique des victimes et des dégâts matériaux, lui associer l’adjectif « juste » semble inadapté. Pourtant, il existe bel et bien un modèle de pensée, baptisé « doctrine de la guerre juste », qui définit des conditions pour qu’une guerre soit acceptable moralement.

La doctrine de la guerre juste vise à réconcilier la pratique de la guerre avec l'idée d'une certaine justice.
La doctrine de la guerre juste vise à réconcilier la pratique de la guerre avec l’idée d’une certaine justice.

En Occident le premier philosophe à avoir abordé le sujet est le romain Cicéron dans De officiis (44 av. JC). Toutefois, avant lui, des interrogations portant sur ce thème furent développées dans la mythologie hindoue, principalement dans le Mahabharata – une épopée sanskrite.

Racines catholiques de la doctrine

Ensuite, ce sont  essentiellement des auteurs catholiques qui ont développé cette théorie dans leurs travaux. Parmi eux, il y a notamment Augustin d’Hippone (ou St-Augustin), qui a voulu établir un lien entre la loi romaine et la Bible. Grâce à des arguments théologiques et philosophiques il a établi un cadre pour la guerre. Si ces règles n’étaient pas respectées, le conflit n’était pas perçu comme juste.

L’auteur le plus influent dans la doctrine reste Thomas d’Aquin, appelé aussi Saint-Thomas-d’Aquin (1225-1274). Dans Somme théologique le prêtre italien a précisé trois conditions qu’une guerre se doit de remplir pour être « juste » : (1) la guerre doit être déclarée par une autorité souveraine légitime ; (2) la guerre doit répondre à une cause juste, elle doit être une réponse à une attaque antérieure ; (3) les belligérants doivent chercher seulement du bien, et ne doivent pas répondre à de mauvaises motivations.

Par la suite, de nombreux penseurs ont essayé de compléter cette liste, ou bien de l’ajuster à la réalité. Les travaux se basaient principalement sur la distinction entre le jus ad bellum (le droit de partir en guerre), et le jus in bello (le droit pendant la guerre). Ce fut le cas de Hugo Grotius, ou encore d’Immanuel Kant. Ce dernier avait notamment établi une distinction entre le « droit d’entrer en guerre », et le « droit en temps de guerre ».

Conception contemporaine et séculaire de la guerre juste

De nos jours, le théoricien de la guerre juste est Michael Walzer. En révisant cette théorie dans Guerres justes et injustes, publié en 2006, il a mis l’accent sur la place essentielle de l’éthique en temps de guerre. En s’inspirant des écrits de Thomas d’Aquin, il a établi la typologie suivante.

  • Le « Jus ad Bellum » ; les règles qui encadrent les causes de la guerre.
  • Le « Jus in Bello » ; les règles à respecter en temps de guerre.
  • Le « Just post Bellum » ; le droit à appliquer pendant la négociation des accords de paix.

Le but de la doctrine de la guerre juste est véritablement d’aller au-delà de la dichotomie entre réalisme et pacifisme en fournissant une alternative intellectuelle. Les réalistes considèrent une guerre comme étant amoral, étant donné qu’elle répond à des nécessités politiques. Quant au pacifisme, pour ce mode de pensée une guerre est obligatoirement immorale, et doit, par conséquent, être prescrite. La théorie de la guerre juste essaye de trouver une sortie au débat entre ces deux camps en fixant des règles devant réguler l’usage de la force sur la scène internationale.

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