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Qu’entend-on par « Arme de destruction massive » ? (1/2)

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Au fil des décennies, l’expression « Arme de destruction massive » (ADM), traduction littérale de la formulation américaine « Weapons of Mass Destruction » (WMD)  est entrée dans le langage courant. Elle est largement utilisée par les médias, ainsi que par le monde politique pour désigner les armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. Pour le grand public, cet acronyme est connoté négativement, du fait de la peur induite par l’utilisation de tels procédés. Face à l’emploi régulier, et parfois à outrance, de ce terme il est nécessaire de préciser ce qu’il englobe, et de revenir sur son histoire.

Quelles sont les origines de cette expression ?

Nuage champignon causé par l'explosion de la bombe atomique "Fat Man" le 9 août 1945, sur la ville de Nagasaki (Japon), par l'armée américaine.
Champignon atomique causé par l’explosion de la bombe nucléaire « Fat Man » le 9 août 1945, sur la ville de Nagasaki (Japon), larguée par l’armée américaine. Le grand public découvre alors les effets des armes de destruction massive.

Bien loin de la sphère politique, la première personne à avoir utilisé le terme « ADM » est l’Archevêque de Canterbury, Cosmo Gordon Lang. En 1937, dans un sermon donné après le bombardement de Guernica, il a interpellé son audience en demandant : « Qui peut imaginer sans inquiétude ce qu’une nouvelle guerre globale, menée avec toutes ces nouvelles armes de destruction massive, donnerait ? »

Il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale – et donc la double utilisation de la bombe nucléaire au Japon – pour que l’expression ADM apparaisse dans un texte officiel. Dans un communiqué publié conjointement par le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni, en novembre 1945, il est fait référence aux ADM.  Par la suite les ADM seront mentionnées dans de nombreuses résolutions des Nations Unies. Ce sera le cas dès la première résolution adoptée en janvier 1946 par l’Assemblée générale, créant une commission chargée d’étudier les problèmes soulevés par la découverte de l’énergie atomique. Une de ses missions étaient notamment « d’éliminer des armements nationaux, les armes atomiques et toutes autres armes importantes permettant des destructions massives ».

Pourquoi a-t-il été jugé nécessaire de différencier les ADM, des autres armes ?

L’utilisation croissante du terme ADM est venue de la nécessité de différencier les armes perçues comme conventionnelles (ou classiques), des armes dites « non-conventionnelles ».  Cet effort international avait débuté en 1899 avec  la Convention de la Haye dans laquelle avait été inscrite « l’interdiction de l’emploi des projectiles qui ont pour but unique de répandre des gaz asphyxiants ou délétères ».  A cette occasion, les armes chimiques avaient été stigmatisées, car perçues comme inhumaines. Établir une nette séparation entre ces deux catégories d’armes aurait donc, de façon primordiale, une raison morale. Étant donné que les ADM sont capables de tuer de façon non sélective, une grande quantité de personnes, et qu’elles ont des implications lourdes, il n’est pas possible de les envisager sous le même angle.

Cette différentiation répond également à des besoins bureaucratiques. Elle permet d’établir quelle juridiction est en charge de certaines problématiques. Il y a par exemple au sein de l’ONU une commission dédiée exclusivement à la lutte contre la prolifération des armes conventionnelles. Pour ce qui est des États-Unis, c’est  spécifiquement au U.S. Strategic Command, dépendant du Département de la Défense, que revient la mission de contrer les ADM.

Cependant, même si l’expression est largement reconnue pour son utilité, elle n’en est pas moins critiquée par une partie de la communauté scientifique. Mettre sur un pied d’égalité les armes biologiques, chimiques, nucléaires, et radiologiques pourrait être à la source de certains problèmes.

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