La fracture numérique, témoin de la différenciation Nord / Sud ?
Initialement, le terme de fracture numérique se caractérise comme une forme d’exclusion de ceux n’ayant pas accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Il est apparu conjointement au développement de ces dernières depuis les années 1970.
L’accès à l’information de manière universelle, équitable, ubiquitaire et financièrement abordable, ainsi qu’aux infrastructures y donnant accès, est l’un des principaux défis modernes. Internet se veut être un vecteur de rapprochement entre les espaces. Toutefois, il ne les rapproche pas tous dans la mesure où il privilégie les pays riches quand les pays en développement sont encore faiblement connectés même s’ils utilisent de plus en plus Internet, en particulier les pays émergents.
L’essor d’Internet s’est accompagné de celui de la téléphonie mobile. L’Occident profite de sa supériorité technique et économique pour concentrer la majeure partie des flux de communication, alors que le Sud reste à l’écart. Cela dit, dans le dernier cas, les liaisons se développent, en particulier grâce aux réseaux satellitaires qui complètent les réseaux filaires. Les pays pauvres ont principalement accès à Internet via les smartphones et les cybercafés. En 2011, 62% des internautes venaient des pays émergents contre 46% en 2006. Le saut technologique des pays du Sud a donc été rendu possible par la démocratisation des smartphones. Cet accès à Internet devient un facteur de naissance des sociétés civiles. En 2008, lors des Printemps arabes, la population égyptienne s’est regroupée sur Facebook – avec ses 5 millions d’utilisateurs – organisant alors une « cyberdissidence ».
L’accès à internet en Afrique
Selon une étude des Nations unies, en 2016, le fossé numérique reste important entre le monde développé et le monde en développement, avec 3,9 milliards d’habitants n’ayant pas accès à internet. Cette fracture numérique touche particulièrement l’Afrique. A l’image de Google et les ballons internet du Project Loom, Facebook a lancé en 2013 la plateforme Free Basics pour permettre l’accès gratuit des zones les plus reculées à certains services (actualité, emploi, santé, éducation et bien sûr Facebook). L’entreprise américaine s’est associée avec 6 opérateurs mobiles pour développer cette plateforme dans 42 pays, dont la moitié en Afrique. Néanmoins Free Basics a subi quelques critiques depuis sa création : une stratégie jugée plus commerciale que philanthrope dans la mesure où elle privilégierait Facebook et certains de ses partenaires (comme le moteur de recherche Bing de Microsoft).
Le monde et les échanges se numérisant de plus en plus, il devient nécessaire que l’ensemble des pays aient un accès un Internet. Cela dit, la région la plus marginalisée est l’Afrique subsaharienne, car 28 pays ont un faible accès à Internet avec un seuil de moins de 10 %. D’après Mark Graham, un fossé croissant existe entre ceux qui sont capables de se connecter facilement sur le marché mondial ; et ceux qui restent à l’écart, car ceux-ci ratent un grand nombre d’opportunités sociales, économiques et politiques.