Lusophonie et telenovelas : un soft power brésilien efficace ?
Moins actif sur la scène internationale que sous la présidence de Lula, le Brésil n’en possède pas moins des atouts qui font du soft power brésilien l’un des plus présents dans le monde, et particulièrement en Afrique. Grâce à la lusophonie, communauté de langue portugaise, le Brésil s’adjoint un vaste espace d’influence potentielle. Cette influence est notamment accentuée par la diffusion dans ces pays de feuilletons télévisés, les telenovelas.
Fondée en 1996, la Communauté des Pays de Langue Portugaise (CPLP) rassemble les pays lusophones, dont la majeure partie se situe en Afrique subsaharienne, ce qui correspond à 240 millions de locuteurs et en fait la neuvième langue la plus parlée au monde. Pays le plus peuplé et le plus riche de la CPLP, le Brésil y occupe une place de choix grâce aux efforts consentis par le gouvernement brésilien pour la promotion de sa culture.
L’existence d’une audience lusophone a permis le succès fulgurant des telenovelas à travers l’Afrique lusophone. Ces mélodrames télévisés sont diffusés par les grands médias brésiliens, comme Globo (253 telenovelas et 70 mini-séries entre 1965 et 2010). Ils sont ensuite repris par de nombreuses chaînes étrangères. En plus de créer une connivence entre le Brésil et les populations lusophones d’Afrique, ces telenovelas évoquent des thèmes tels que l’ascension sociale, la pauvreté, la violence, qui font mouche dans les pays en développement. Les telenovelas ont également réussi à s’implanter durablement en Afrique francophone, allant jusqu’à influer sur les comportements quotidiens, les modes vestimentaires et les prénoms. Le Brésil a ainsi réussi à tirer parti des véhicules de la mondialisation pour promouvoir son modèle culturel.
User du soft power culturel à des fins politiques
Sous la présidence de Lula en particulier, le Brésil a cherché à mettre à profit cette influence. La proximité culturelle créée par les telenovelas et la lusophonie s’est accompagnée d’une mise en avant de l’identité noire du Brésil. Les telenovelas ont intégré davantage d’acteurs noirs et inséré des références religieuses et culturelles d’origine africaine (principalement de l’ethnie yoruba). Le Brésil possède en effet la deuxième population noire au monde derrière le Nigeria. La volonté de transformer ce soft power culturel en pouvoir politique s’est notamment manifestée à travers les 6 tournées de Lula sur le continent africain. Toutefois, si l’influence culturelle brésilienne en Afrique est indéniable, son effet pour la puissance brésilienne sur la scène internationale est encore limité. L’image du Brésil reste ternie par les scandales de corruption à répétition, les inégalités sociales criantes et la violence endémique. De plus, à l’étranger, les entreprises brésiliennes (Odebrecht, Embraer, etc.) jouent un rôle plus importants pour forger la réputation du Brésil.