Pourquoi y a-t-il des attaques contre la base d’Aïn al-Assad en Irak ?
Le 30 mai 2022, cinq roquettes ont été tirées en Irak, sur la base de la coalition internationale Aïn al-Assad, dans la province d’Al-Anbar. Ces tirs n’ont fait aucune victime officielle, et n’ont fait l’objet d’aucune revendication. Les renseignements américains soupçonnent cependant des groupes pro-iraniens.
Alors qu’aucun groupe ni Etat n’a revendiqué ces tirs, ils ciblaient particulièrement les militaires américains présents dans la base de la coalition internationale antijihadiste. En effet, cette attaque est loin d’être la première de ce genre. Depuis plusieurs mois, les attaques de roquettes et de drones contre des bases américaines en Irak sont de plus en plus fréquentes. Pourquoi les troupes des Etats-Unis en Irak, sont-elles visées par ces attaques ?
La dernière attaque contre les troupes américaines remonte au 30 avril 2022. Elle aussi dirigée contre la base Aïn al-Assad, nous ne déplorions aucune victime. Le 3 janvier 2022, les autorités américaines annoncent avoir aperçu deux drones armés, dans le secteur de l’aéroport de Bagdad, où se trouvait une de leurs bases. Cet événement se déroule le jour du deuxième anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani. Deux jours plus tard, un tir de cinq roquettes a lieu à Aïn al-Assad. Une fois encore, les autorités américaines n’annoncent aucune victime. Pourquoi ces attaques sont-elles aussi fréquentes ? D’après le gouvernement américain, les groupes à l’origine de ces tirs seraient des groupes pro-iraniens basés en Irak. Cela était, d’après le gouvernement, déjà le cas lors des précédentes attaques. Le conflit Iran-Etats Unis serait donc en cause.
Des attaques sur fond de tensions diplomatiques
L’Iran et les Etats-Unis ont des relations diplomatiques tendues depuis le milieu du XXe siècle. Cette tension a pris de l’ampleur au fur et à mesure des années, en particulier depuis la révolution islamique iranienne de 1979. Depuis, les deux pays ennemis se livrent à une bataille diplomatique, dont les conséquences se mesurent encore aujourd’hui. La présidence américaine de Donald Trump a ravivé le conflit, avec la sortie de l’accord sur le nucléaire en 2018 notamment. C’est pourquoi les groupes pro-iraniens s’attaquent aux troupes américaines en Irak, présentes depuis l’invasion du pays en 2003. Bien que la majorité d’entre elles aient quitté le territoire, environ 2500 soldats y sont toujours stationnés. Cette présence symboliserait, aux yeux des groupes pro-iraniens, un impérialisme et une ingérence américains difficiles à accepter après plusieurs décennies dans la région.
De plus, le conflit Iran-Etats Unis semble se jouer à distance, sur le sol irakien. Les groupes pro-iraniens se seraient implantés dans le pays lors de la chute de Saddam Hussein, elle-même provoqué par les Etats-Unis. Remplissant alors un vide politique en Irak, l’Iran développe son influence dans la région.
L’assassinat du général Soleimani en Irak, une attaque contre le pouvoir iranien
Si les attaques contre les bases américaines sont toujours si nombreuses, une autre raison pourrait être l’assassinat de Qassem Soleimani en janvier 2020 par les Etats-Unis à Bagdad. Il était le commandant de la force Al-Qods, du corps des Gardiens de la Révolution islamique iranienne. Commandé par Donald Trump, cet assassinat avait marqué le monde entier, et envenimé davantage les relations Iran-Etats Unis. L’Iran n’a d’ailleurs pas tardé à riposter, en attaquant des bases militaires et diplomatiques américaines en Irak. Il se pourrait donc que les attaques du 30 mai 2022, ainsi que les précédentes, soient liées à cet événement.
En conclusion, les attaques de ce 30 mai 2022 ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Elles symbolisent un conflit permanent existant depuis des décennies, dont l’issue est encore très incertaine. Cet événement met en lumière un triptyque d’acteurs diplomatiques, que sont l’Iran, l’Irak et les Etats-Unis. Cela traduit une dispute pour la première place en termes d’influence politique dans la région. A la suite de ces événements, les tensions Iran-Etats Unis ne semblent pas prêtes de diminuer.