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Démission du gouvernement en Libye : démonstration de l’échec des révolutions arabes?

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La prise du pouvoir par les milices semble devenir une réalité en Libye
La prise du pouvoir par les milices semble devenir une réalité en Libye

Le lundi 1er septembre marque une étape de plus dans la lente décomposition de l’Etat libyen. La prise par des milices de nouveaux bâtiments officiels rompt les espoirs de reconstruction démocratique d’un Etat devenu l’un des symboles des révoltes qui ont secoué la région à partir de 2011.

Montée des milices et faiblesse du pouvoir officiel

« Ce qui ne se réalise pas par la force se réalise par la douceur ». Ce proverbe libyen semble ne plus illustrer la philosophie politique du pays depuis longtemps. Le 28 août, le gouvernement d’Abdallah Al-Theni, exilé à l’est du pays pour des raisons de sécurité, a présenté sa démission au Parlement élu le 25 juin, laissant le champ libre aux milices qui œuvrent pour la prise de pouvoir depuis bientôt trois ans. Si ce renoncement ne modifie pas fondamentalement l’exercice du pouvoir, tant le gouvernement officiel semblait impuissant sur le plan politique, il confirme la faiblesse des autorités en place à contrôler le pays.

Les milices regroupées sous le nom de Fajr Libya (« Aube de la Libye »), qui se sont emparées d’une annexe de l’ambassade américaine, de l’aéroport de Tripoli et de sièges ministériels le 1er septembre, contestent les élections législatives du 25 juin et souhaitent former un nouveau gouvernement. Ils s’opposent notamment au groupe Zintan dirigé par le général Haftar, initialement soutenu par les Etats-Unis, qui avait promis de libérer la Libye du terrorisme.

L’internationalisation du conflit : entre réaction tardive des puissances et développement des jeux d’influence

Si cette montée de violence est initialement le fruit de dissensions internes, la régionalisation du conflit s’accentue. En effet, certains pays, utilisent les tensions comme levier pour affirmer leur influence dans la région et orienter l’échiquier politique libyen. Les Etats-Unis accusent ainsi l’Egypte et les Emirats arabes-unis d’avoir réalisé des frappes aériennes pour affaiblir l’Aube de la Libye, et continuer leur lutte contre l’islamisme dans le pays. Toute responsabilité dans les frappes reste démentie par les prétendus auteurs. Leur action s’oppose à celle du Qatar qui soutient la milice proche des Frères musulmans.

Sur le plan international, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 27 août une résolution visant à étendre les sanctions prononcées contre la Libye aux milices. Il s’agit selon l’ONU « d’élargir l’embargo sur les armes et le gel des avoirs financiers à toute personne apportant un appui à des actes contre la paix et la réussite de la transition politique dans ce pays ». Les actes pouvant faire l’objet de sanctions concernent notamment les violations des droits de l’Homme, les attaques contre les aéroports, ou encore les missions étrangères. La difficulté tiendra dans l’application de ces sanctions à des entités mouvantes, multiples, et organisées. Trois ans après l’intervention internationale, l’affirmation du Président français François Hollande lors de la Conférence annuelle des ambassadeurs le 28 août dernier selon laquelle « si nous ne faisons rien de sérieux […], le terrorisme se répandra dans toute la région », semble déjà se parer d’une certaine véracité.

 

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