La Première Guerre mondiale et ses conséquences sur le Moyen-Orient actuel
2014 marque le centième anniversaire du début de la Première Guerre Mondiale. Les Occidentaux furent durement touchés par quatre années de combats destructeurs. Mais au Moyen-Orient, ce sont les conséquences de cette guerre qui marquent encore aujourd’hui bon nombre de pays de la région.
Les vainqueurs de la guerre se sont arrogé des droits dont certains pays portent aujourd’hui les stigmates. Les plaintes syriennes ou irakiennes, dans l’après 1918, avaient moins d’écho que elles provenant d’Allemagne, suivant le fameux Traité de Versailles. Pourtant, le traité Sykes-Picot, du nom des deux diplomates franco-britannique ayant littéralement partagé le Moyen-Orient sous zones d’influence occidentale, a bel et bien scellé le sort géographique de pays de la région. Déjà, en 1917, l’armée britannique envahit Bagdad, promettant à la population non une conquête britannique, mais une libération. Ce sont les mêmes grossiers arguments qui ont été réutilisés près d’un siècle plus tard, à la chute de S. Hussein.
Comment ne pas voir en effet les réponses nationalistes, voire religieuses, secouant le Moyen-Orient depuis des décennies, comme une réponse justifiée au partage décidé unilatéralement par Français et Britanniques, avec le soutien russe de l’époque ? Ces peuples, dominés durant des décennies voire des siècles par différents Empires, se voient séparés par des frontières ne reflétant aucunement l’unité culturelle voire religieuse prévalant jusqu’alors. L’État-nation à l’occidentale leur étant inconnu, certains nouveaux États passèrent immédiatement sous domination occidentale, ce qui facilita grandement, quelques décennies plus tard, la naissance d’aspirations nationalistes, comme en Égypte, en Syrie ou au Liban. Sans oublier, bien évidemment, l’émergence d’un État juif qui peine toujours à trouver sa place dans cette région du globe.
Il ne fait pas peu dire que les tourments géopolitiques modernes du Moyen-Orient ont pour leur majorité une origine datant de cette période. Mais, contrairement à d’autres pays ayant subi une domination coloniale (en Afrique notamment), les pays du Moyen-Orient ont pris les Occidentaux à leur propre jeu en s’adaptant aux États-nations nouvellement crées. Mais ces structures demeurent encore trop jeunes et trop friables pour ressembler réellement aux États-nations occidentaux. Car, lorsque les minorités ethniques (chiites irakiens et libanais) ou politiques (sunnites syriens) se réveillent, elles rappellent ce que n’avaient pu (ou voulu) anticiper les diplomates créant des États ex-nihilo : la toute-puissance du creuset culturel et religieux, multi-séculaire, et que des décennies de diplomatie politique n’ont pas effacé, mais bien renforcé. Faut-il pour autant de nouveaux accords pour pacifier le Moyen-Orient ? Cela reste à voir!