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Quels rapports de force entre dirigeants après les accords de Minsk ?

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Le bal des dirigeants, entraîné par les seconds accords de Minsk, conclus dans la nuit du 12 février, permet de se demander qui ressort véritablement gagnant de ces négociations. Sans soulever nécessairement la question de la vanité ou de l’ineffectivité potentielles de ce nouvel accord de cessez-le feu, il apparaît avoir sensiblement clarifié les rapports de force entre les dirigeants acteurs, plus ou moins directs, de ce conflit.

Les quatre principaux acteurs de cet accord tirent tous, à leur manière, un avantage de sa conclusion.
Les quatre principaux acteurs de cet accord tirent tous, à leur manière, un avantage de sa conclusion.

L’accord de Minsk 2 a d’abord mérite d’avoir enfin permis au partenariat franco-allemand de retrouver un rythme de croisière sur la scène internationale. On a longtemps glosé sur une mésentente latente entre Angela Merkel et François Hollande, mais leur attitude conjointe sur les dernières semaines à propos de l’Ukraine montre bien que les deux dirigeants sont parvenus à se mettre d’accord. Tous deux y gagnent personnellement. Le président Hollande, dans la lignée des attentats de Charlie Hebdo, accroît son envergure internationale. Toutefois, il le fait ici plus concrètement et de façon plus volontariste qu’après les attentats. La chancelière allemande, quant à elle, reprend la main en matière diplomatique après un relatif effacement l’an dernier. Elle confirme aussi à quel point toute négociation d’envergure en Europe ne peut se faire sans elle sur la scène européenne, et ce, depuis plus de dix ans. A l’inverse, si quelqu’un brille par son absence dans ces accords de Minsk c’est bien David Cameron. Le Royaume-Uni est depuis le rejet par le Parlement d’une quelconque intervention en Syrie complètement absent de la gestion de toutes les crises importantes en Europe.

Concernant les premiers concernés par ces accords, on constate une double ambigüité. La première autour de Vladimir Poutine. Celui-ci renforce incontestablement sa stature après ces accords : il a enfin forcé deux « gros » européens à se déplacer, montrant ainsi qu’il fait toujours peur et qu’il a sa place parmi les grandes nations. Cependant cette situation le renforce dans sa position d’ostracisé général, il est bien le mauvais élève qu’il faut toujours raisonner. En clair, sa réputation n’évolue pas… du moins dans un sens positif. L’autre ambigüité concerne le président ukrainien Porochenko. Il n’est pas absurde de s’interroger sur ses réelles convictions quant à une issue pacifique à ce conflit. Toutefois, sa légitimité ressort considérablement solidifiée de ces accords. Il est l’interlocuteur numéro un de la France et de l’Allemagne dans ce conflit et Poutine est forcé d’admettre en filigrane qu’il doit traiter avec lui.

Plus indirectement, cette crise (et avec elle toutes les mesures de sanction qu’elle a entraînées à l’encontre des proches du Kremlin) a permis de renforcer une autre personnalité et avec elle l’institution qu’elle représente. Donald Tusk, président du Conseil Européen, a en effet, dans la gestion de cette crise, pu exprimer les vues et parler au nom de l’Union Européenne avec une aisance et surtout une fermeté qui doivent être soulignées. Il a en effet affirmé qu’en cas d’échec dans l’application de ces accords, l’Union Européenne « n’hésiterait pas à prendre de nouvelles mesures ».

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