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Géopolitique des drogues en Amérique latine (1/2)

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201107-CocaLeavesLa prohibition de la drogue, intervenue au cours du XX, a créé des routes qui mènent des lieux de production aux marchés de consommation. En Amérique latine, le nombre de grands pays producteurs de drogues (hors les drogues de synthèse) est relativement faible et ces plantes ont longtemps fait (et font encore) partie du patrimoine culturel de nombreuses minorités ethniques, comme les Quechuas ou les Aymaras de Bolivie. Ce sont principalement la coca (Bolivie, Pérou et Colombie) et la marijuana (Mexique) qui y sont produites. Nous nous intéresserons d’abord aux pays producteurs puis, aux conflits qui naissent de ces productions illicites.

La culture de la coca reste aujourd’hui un quasi-monopole de trois pays andins : la Bolivie, le Pérou et la Colombie. Pour répondre au « boom de la cocaïne » des années 60 dans les pays du Nord, les pays andins développent leur production. Protégée par la guérilla du Sentier Lumineux au Pérou, la dictature militaire en Bolivie et les cartels de Medellin et de Cali en Colombie, cette culture a permis à des populations déshéritées d’augmenter leurs revenus, mais attiré aussi la convoitise de groupes armés. Au cours des années 90, les Etats-Unis élaborent une stratégie pour lutter contre la cocaïne colombienne, l’Air Bridge Denial. Il s’agit de couper les trafiquants colombiens de leurs zones d’approvisionnement (essentiellement le Pérou et la Bolivie). Le plan se solde par un échec : les trafiquants colombiens réagissent en développant sur leur propre territoire les superficies de cocaïers, passées de 70 000 ha en 1995 à près de 170 000 ha en 2001. Avec l’arrivée d’Evo Morales au pouvoir en 2005, des débouchés licites pour l’écoulement de la coca ont été cherchés et depuis la production stagne. Tout au contraire, elle connaît une forte augmentation au Pérou, en passe de devenir le 1er producteur mondial de coca devant la Colombie, dans les prochaines années.

Quant au cannabis, la production est évaluée, en 2003, à 42 100 t dans le monde dont 41% produite sur le continent américain. Le Mexique se place en 1ère place des pays producteurs américains.

Drogue, mafias et corruption

Après la chute des cartels de Medellin et de Cali, le trafic international de cocaïne a continué son expansion. Les trafiquants colombiens ont adapté leur organisation par la décentralisation et la délocalisation. Des cartelitos de taille modeste ont pris la place des cartels et des réseaux se sont développés, notamment en Europe, à tel point qu’aujourd’hui les organisations colombiennes contrôlent toute la chaine de l’importation à la distribution. Au Mexique, le pouvoir politique lui-même favorisait certains cartels et le narcotrafic est devenu un pilier de l’économie mexicaine. Depuis que le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) n’est plus au pouvoir (années 2000), et ne favorise plus l’un d’entre eux, les cartels mexicains se livrent une guerre sans merci. Servant à financer des groupes armés et une corruption endémique, les revenus de la drogue ne profitent guère à ceux qui la produise.

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