Le rôle de Bolivar dans les indépendances latino-américaines
Simon Bolivar (1783-1830) est l’une des figures tutélaires de l’Amérique latine contemporaine. Son combat pour les indépendances au tout début du XIXe siècle fut cependant semé de nombreuses embûches.
Ce sont les conquêtes napoléoniennes en Espagne qui ont profondément nui à l’influence espagnole sur le continent sud-américain. De nombreuses insurrections y prennent place à partir de 1808, opposant les royalistes, favorables à la mainmise espagnole, aux indépendantistes, sentant l’affaiblissement de la puissance colonisatrice. Cela prend place tout au nord de l’empire espagnol (Mexique) mais également au sud, comme au Venezuela ou en Argentine. Après dix ans d’affrontements au cours de ces guerres d’indépendance, le continent sud-américain se détache du royaume d’Espagne. La vice-royauté de Bogota devient notamment indépendante, désormais dirigée par Simon Bolivar, et rassemble désormais le Venezuela, la Colombie, l’Equateur et le Panama actuel sous le nom de Grande Colombie.
Dès sa prise de pouvoir, Bolivar prend conscience de l’émiettement du continent laissé par plusieurs siècles de domination espagnole. Face à une Amérique du Nord désormais unie, le danger d’une nouvelle colonisation guette, venue du Nord cette fois. Pour lui, le salut latino-américain passe par l’union, puisqu’après tout, la quasi-totalité du continent parle la même langue, a la même religion et culture, préalables essentiels à un rapprochement durable.
C’est ce qu’il exprime dans le Manifeste de Carthagène (1812), écrit après le premier échec de sa Révolution. C’est la « guerre à mort » qu’il faut livrer aux royalistes. Malgré divers échecs, il conquiert définitivement l’indépendance du Venezuela en 1823, avant d’en faire de même dans le reste de la Grande Colombie, puis de prendre le pouvoir au Pérou, dont la Bolivie se détacha en 1825. Ses premières directives vont en faveur des Indigènes, tant spoliés par les Espagnols. Ces jeunes Etats ont tout à construire : routes, bâtiments publics, administrations, et cela afin d‘assurer plus qu’une indépendance, mais une liberté vis-à-vis des ex et futures puissances coloniales. Néanmoins, ils sont trop affaiblis pour réellement assurer leur unité interne : les conflits sociaux et ethniques sont nombreux. Le patriotisme l’emporte sur l’unité : le Venezuela, pourtant première nation passée sous la gestion de Bolivar, proclame son indépendance vis-à-vis de la Grande Colombie en 1830. La dérive autoritaire du pouvoir de Bolivar, qui se proclama dictateur de la Grande Colombie en 1828, n’y changea rien.
C’est un douloureux échec pour le « Libérateur » Bolivar. Gagner l’indépendance n’était rien à côté de gouverner de jeunes nations sud-américaines. Il décède en 1830, résigné face à cette Amérique Latine « ingouvernable » et promise à des « tyrans » selon ses termes. L’icône Bolivar demeure néanmoins patente encore aujourd’hui. Un pays porte son nom (la Bolivie) et la nouvelle gauche latino-américaine n’a de cesse de promouvoir une « république bolivarienne » fondée sur l’unité mais néanmoins au parfum despotique (Chavez, Maduro, Morales).