La Station F, carte maîtresse du renouveau de l’image française à l’étranger
Dans son classement des 50 français les plus influents dans le monde, paru en novembre, Vanity Fair a réservé la première place à Xavier Niel, le créateur de Free. Ce dernier doit notamment sa récompense à la Station F, « le plus grand campus de start-up au monde » qu’il a entièrement financé et inauguré en juin 2017. Alors que le président Emmanuel Macron souhaite faire de la France la « start-up nation », cet incubateur est appelé à jouer le rôle de catalyseur du renouveau de l’image française à l’étranger.
S’inspirer des modèles étrangers :
Le campus Station F est situé dans le Hall Freyssinet, dans le 13e arrondissement parisien. Il propose un écosystème de 34 000 mètres carrés entièrement dédié au développement des start-up, en regroupant au sein d’un même lieu des idées, des fonds d’investissements, un fablab, des logiciels dernier cri, des imprimantes 3D… Ce concept est directement inspiré des réussites des « hub de start-up » similaires à l’étranger. En effet, l’entreprise américaine « Y combinator » propose des programmes de développement pour jeunes entreprises au cœur de la Silicon Valley depuis 2009. Elle a ainsi contribué à la croissance d’Airbnb ou de Dropbox. De même en Europe, l’incubateur de start-up Factory Berlin, lancé en 2012, a pu accompagner le développement d’Uber et de Twitter. Dès lors, Xavier Niel transpose à Paris une formule qui a fait ses preuves dans des pays qui profitent de la mondialisation grâce à leur forte capacité d’innovation.
L’innovation plurisectorielle comme nouveau crédo français :
La création de cet « accélérateur de start-up » fait en réalité office de figure de proue de l’ambition française selon le président Macron. La Station F cristallise ainsi l’aspiration à dominer l’économie mondiale par l’innovation, ce qui va à rebours de l’image habituellement attribuée à l’hexagone. Xavier Niel entend prouver au monde que la France ne peut être réduite à une économie en déclin, accablée par le poids de sa bureaucratie. Au contraire, les programmes (existants ou à venir) de l’incubateur parisien mettent l’accent sur l’innovation dans des secteurs clefs : l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la fintech, la technologie médicale… La France espère donc héberger une future licorne dans un de ces domaines stratégiques. Le campus de start-up conserve par ailleurs une vocation sociale en proposant un parcours dédié aux start-up issue de milieux défavorisés comme un programme parrainé par Ashoka autour de l’entreprenariat social. Par conséquent, Vanity Fair souligne dans son portrait de Xavier Niel sa capacité à faire changer les mentalités du paysage économique français.
Le gouvernement actuel souhaite imposer au monde la conception selon laquelle la France est un territoire innovant qui domine la mondialisation. Dans cette optique, le World Electronic Forum (un Davos de l’électronique) qui se tenait à Angers le 27 octobre dernier, mettait à l’honneur la « French Tech ». Au cœur de cette dynamique, la Station F assume ainsi le double rôle de vecteur, d’une part de l’innovation des start-up en France, et d’autre part de la volonté française d’être perçue à l’étranger comme terre d’innovation.
- L’économie numérique vous intéresse ? Découvrez nos autres articles sur ce thème : Les BATX, dragons numériques chinois ; L’hégémonie croissante des GAFA.