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Échec en Syrie, fin de l’hégémonie U.S ?

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Le 3 octobre dernier, les États-Unis ont annoncé la rupture des discussions avec la Russie après l’échec du Cessez-le-feu en Syrie. Les déclarations américaines qui ont suivis, concernant les bombardements dans l’est d’Alep, résonnent différemment des derniers contentieux diplomatique entre les deux puissances. Depuis l’intervention russe en Géorgie, nous avions toujours vu une Amérique sûr de sa supériorité et de sa capacité à gérer le cas russe, à raison. Pour ce qui concerne la Syrie, l’Oncle Sam semble aujourd’hui dans une situation de dépit face au duo Assad-Poutine. Les États-Unis ne sont pas en position de maîtriser le conflit syrien, la Pax Americana arrive à sa limite.

Cet échec n’est pas causé par un éventuel déclin américain, comme l’assure Trump, mais plutôt par un rééquilibrage des puissances, dans le cas présent avec la Russie au niveau géopolitique, une situation valable également avec l’exemple de la Chine au niveau économique. Les États-Unis ont également un soucis financier lié à la dette du pays, qui l’empêche de s’impliquer davantage dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Cet échec est aussi celui de l’idéologie néo-conservatrice, qui professait un messianisme états-unien pour répandre la paix dans le monde, à travers le libre-échange sans exclure l’utilisation du militaire. Cet échec est global pour différente raisons. En Europe la suspicion est arrivée avec la Crise des Subprimes, aujourd’hui les Européens n’ont plus une totale confiance dans le modèle économique américain, d’où l’échec de la négociation du TAFTA, qui a priori n’aboutira pas dans sa forme actuelle. Au Moyen-Orient, la guerre menée en Irak par George W. Bush, au-delà de l’échec, était une folie. Si mettre hors-jeu Saddam Hussein est difficilement critiquable du point de vue des droits de l’homme, confisquer toute responsabilité politique aux sunnites irakiens, pour donner le pouvoir à la majorité chiite, reste incompréhensible aujourd’hui. Ainsi les Américains ont détruit les structures politiques irakiennes et surtout renforcer l’adversaire iranien. Ce renforcement se ressent encore aujourd’hui dans le conflit syrien, car si l’intervention russe est la plus médiatisée, le rôle de l’Iran est indéniable et une paix en Syrie ne passera pas par un accord russo-américain, mais certainement par un accord irano-saoudien. La guerre d’Irak a donc déclenchée une méfiance, voir un rejet des idées néo-conservatrices dans le monde, y compris aux États-Unis. L’élection d’Obama face à Clinton à la primaire américaine de 2008 en est la preuve, tout comme les difficultés de Clinton, candidate proche des idées néo-conservatrice, à battre Sanders lors de la primaire démocrate de 2016.

Une capacité de maîtrise des crises réduite 

Cet échec des négociations entre Russes et Américains ne remet évidemment pas en cause le fait que les États-Unis reste la plus grande puissance de la planète, mais questionne leur statut de superpuissance. Un statut qui leur avait permis d’assurer un rôle de gendarme du monde, qui leur permettait de maitriser militairement, diplomatiquement, économiquement, n’importe quelle situation. Si les Américains ont connu différents échecs depuis les années 2000, cette perte ou diminution de sa superpuissance, à mon sens effective aujourd’hui, ne se fait pas tant ressentir sur le plan militaire que sur le plan diplomatique. Aujourd’hui la posture adoptée par Washington face à Moscou laisse apparaître un sentiment d’impuissance et non de puissance. Ainsi le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest a déclaré la semaine dernière : « Tout le monde est à bout de patience avec la Russie », « Il n’y a plus rien dont les États-Unis et la Russie puissent parler ». Des déclarations qui laissent entrevoir une passivité nouvelle des États-Unis face à la Russie en Syrie. En comparaison, ce n’avait pas été le cas en Ukraine, où Washington avait beaucoup manoeuvré pour faire plier Moscou.

La question de la superpuissance américaine reste cependant ouverte et évolutive, malgré les déclarations récentes, il faudra attendre les réactions sur le terrain syrien. Verrons-nous alors, un conflit interposé entre la Russie et les États-Unis, rappelant la guerre de Corée (1950-1953) ? Les États-Unis tenteront-ils un coup de poker en laissant les Russes dans le bourbier syrien et en s’y retirant ? La Russie sera-t-elle capable d’assumer, politiquement et économiquement la réaffirmation de sa puissance ? Enfin quel avenir pour l’idéologie néo-conservatrice dans la politique extérieure américaine ? Une des réponses pourraient venir de la présidentielle américaine et d’Hillary Clinton, qui semble en meilleure posture pour remporter l’élection face à Donald Trump. La politique internationale du vainqueur, qu’elle soit interventionniste ou plus mesurée à la manière de Barack Obama, décidera non pas de la place des États-Unis dans le monde, car ces derniers resteront incontournable pendant plusieurs décennies, mais plutôt de leur capacité à contrer les projets adverses.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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