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Les relations transatlantiques et l’accord sur le nucléaire iranien

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L’accord sur le nucléaire iranien, conclu après deux années de négociations à Vienne en juillet 2015, est un modèle de réussite consolidant considérablement le système de non-prolifération. L’Union européenne porte cet accord comme le symbole de la réussite de la diplomatie multilatérale. Pourtant, le Président des Etats-Unis Donald Trump menace de se retirer de l’accord en mai 2018. Or, si ce scénario venait à se produire alors les tensions s’aggraveraient au Moyen Orient et, paradoxalement, fragiliseraient le régime de non-prolifération. Cette dichotomie, dans les outils diplomatiques employés, met à mal les liens au sein des relations transatlantiques.

L'Union européenne doit user de la diplomatie pour répondre aux menaces de Donald Trump de sortir de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien - JCPOA.
Un accord source de tensions

L’Union européenne, médiateur et porte-étendard du principe de pacta sunt servanda

L’Union européenne, bousculée par les allégations proférées par Donald Trump, se doit d’assurer la survie de l’accord sur le nucléaire iranien. Premièrement l’Europe doit maintenir le statut quo tout en rejetant les propositions de Donald Trump pour tuer l’accord collectivement. Cependant l’Union doit faire preuve de diplomatie préventive pour parer les sanctions retours américaines à leur égard et celui de l’Iran. Le Conseil avait déjà entrepris de telles mesures en 1996 contre l’administration Clinton.

Deuxièmement l’Union dans son role de chantre du droit international et de la diplomatie devra faciliter le dialogue régional au Moyen-Orient. Ainsi la rupture de l’administration américaine avec l’accord ne pourra pas endiguer la coopération transatlantique. L’objectif reste le même des deux côtés : empêcher l’Iran de devenir une puissance nucléaire. Si les Etats Unis se détachaient de l’accord sur le nucléaire iranien, l’Union européenne devrait faire respecter ses principes, promouvoir l’autorité du Conseil de sécurité et insister pour que toutes les parties liées s’en tiennent à l’accord. De son côté la France entend réaffirmer son soutien auprès de l’Iran. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves LeDrian s’est rendu le 5 mars à Téhéran. En  réaffirmant l’importance du multilatéralisme en matière de politique étrangère, Emmanuel Macron cherche à combler le vide laissé par les Etats-Unis.

La politique imprévisible de Donald Trump, témoignage d’une mauvaise appréciation de l’accord

Le Président américain ne peut se permettre d’imposer ses règles sous peine d’éroder l’attractivité de ses politiques et voir la confiance des alliés dans la gouvernance américaine s’étioler. De fait Donald Trump prendrait le risque de détériorer les relations avec ses alliés européens, qui participent à l’ordre établi par les américains. L’administration Trump est divisée quant à la politique menée par le Président. Son approche n’a pas porté ses fruits face au Congrès. Modifier unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien représenterait une violation du droit international. Cela risquerait disoler les Etats-Unis, ce que le Parti Républicain ne peut concevoir. Néanmoins en raison de l’enjeu des élections de mi-mandat, de la pression saoudienne et israëlienne, et de l’imprévisibilité du Président américain, rien n’est moins sûr.

Les positions du Président des Etats-Unis conduisent à une escalade des tensions avec l’Iran. Vestige de l’administration Obama, l’accord est qualifié par Donald Trump de « profondément imparfait ». L’Iran a menacé le 15 aout dernier de sortir de l’accord si les États-Unis poursuivaient leur politique coercitive. Cette crise a aussi des incidences sur l’équilibre des forces au Moyen-Orient. L’animosité américaine envers l’Iran doublée du soutien à l’Arabie Saoudite et Israël accentue la polarisation de cette région, tandis que de son côté Téhéran mène une politique d’ingérence en Syrie, au Yémen, en Irak et au Liban.

Le rôle de l’Union européenne dans la mise en œuvre effective de cet accord afin de limiter la prolifération au Moyen-Orient et de limiter l’escalade des tensions sera donc crucial. Cependant la politique étrangère des Etats-Unis fait le jeu de Pékin et du Kremlin qui s’opposent fermement à toute révision de l’accord, décrédibilisant la posture américaine et européenne.

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