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Que peut espérer le Mexique suite à l´élection d´Andrés Manuel López Obrador ?

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Après des mois d’une campagne relativement houleuse, le favori des sondages, Andrés Manuel López Obrador (dit AMLO), a remporté les élections présidentielles mexicaines avec plus de 53% des votes. Plus qu´une rupture, il s´agit d´un cataclysme dans la vie politique mexicaine dominée depuis plus de 70 ans par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Les attentes de la population autour de l’élection de Morena sont très importantes et les défis qui affectent la société mexicaine ont atteint des sommets inégalés. La lutte contre la corruption et la criminalité, l’aplanissement  des inégalités et la gestion des relations diplomatiques avec Donal Trump seront les clefs du succès du mandat de Lopez Obrador.

Un changement radical dans le paysage politique mexicain

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AMLO,  le nouveau président mexicain

Vétéran de la politique mexicaine, AMLO est enfin parvenu au pouvoir après plus de 18 ans de « campagnes ». La victoire de Morena est historique pour le Mexique. C´est la première fois qu´un parti politique positionné à gauche et différent du  PRI ( centre)  et du Parti action nationale ( droite) remporte une élection présidentielle.  Le triomphe d´Obrador est extraordinaire puisqu´il est le président ayant reçu le plus de votes de toute l´histoire des élections mexicaines. Ce succès d´AMLO s´explique par la fatigue des mexicains face à la corruption institutionnalisée du PRI et du PAN. Il est encore trop tôt, à l´heure actuelle, pour considérer les suffrages en faveur d´AMLO comme des votes d´adhésion à son projet et non comme de simples votes  sanction contre le gouvernement du président Peña Neto. La jeunesse a également joué un rôle central dans cette élection. Pour rappel, 14 millions de personnes ont voté pour la première fois parmi les 89 millions d’électeurs.  Ces derniers n´ont pas été influencés par l´ancienne réputation « révolutionnaire » d´AMLO qui avait pu freiner une partie de ses potentiels soutiens lors des élections précédentes.

Le raz-de-marée de Morena, pour les plus grandes élections jamais organisées au Mexique (1 président, 8 gouverneurs d´Etat et l’ensemble du Congrès), remet totalement en cause les relations publiques/privées. Les interlocuteurs, tant au niveau fédéral qu’au niveau local, vont changer. C’est l’ensemble de l’administration mexicaine qui sera renouvelée.  Ceci peut potentiellement provoquer une perte d’efficacité et de savoir-faire pendant quelques mois. En outre, le PRI, parti politique au pouvoir depuis plus de 70 ans, vient de connaitre la pire défaite de son histoire. Son avenir, face à des divisions internes de plus en plus importantes, laisse planer beaucoup d’incertitudes. Enfin, AMLO entend concentrer ses premiers efforts sur la lutte contre la corruption, principal sujet de cette élection. Pour mémoire, le Mexique occupe la 138ème place du classement de Transparency International relatif à la corruption. A ce titre il est probable que certains responsables soient sanctionnés, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Le Mexique n’est pas à l´abri d´une chasse aux sorcières et tout dépendra des alliances scellées antérieurement par Obrador.

Des promesses et de nombreuses interrogations

Durant sa campagne présidentielle, AMLO a adopté des postures particulièrement pragmatiques. Il est revenu sur certaines de ces mesures phares afin de faire la paix avec le monde entrepreneurial. La révision des contrats pour la construction du nouvel aéroport et non plus son annulation ou encore sa volonté de respecter l´indépendance de la Banque Centrale en font partie. Pour autant, sa volonté de  remettre en cause  la réforme éducative et énergétique  perdure. De même, son désir de diversifier les partenaires commerciaux du Mexique, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de son voisin américain reste également inchangé. La relation qu´entretiendra AMLO avec Trump est une autre interrogation déterminante pour le futur du Mexique.  La renégociation du traité de libre-échange (ALENA) pourrait être compromise si les dirigeants ne parviennent pas à s´entendre. Enfin, le nouveau président souhaite rendre le Mexique auto-suffisant tant au niveau de la production alimentaire qu´énergétique.

Cette élection a été un vrai succès démocratique pour le pays. Les trois opposants d´AMLO ont rapidement reconnu leurs défaites, le taux de participation a été particulièrement élevé (plus de 65%) et on dénombre peu de fraudes. Obrador dispose de la majorité absolue au congrès, ce qui lui offre une marge de manœuvre considérable et notamment le pouvoir de modifier la constitution. Pour autant, le parti présidentiel – l’alliance Morena (« Ensemble, nous ferons l’histoire ») – s’est allié pour ces élections avec le PSE (parti de la rencontre sociale), un parti proche des milieux religieux évangéliques et le PT ( parti des travailleurs) un parti d’extrême gauche. Ces derniers restent divisés sur de nombreux thèmes économiques et sociétaux, ce qui pourrait entraver cette union sacrée. Néanmoins, légitimée par la victoire d´Obrador, la base populaire mexicaine devrait davantage s´investir dans des mouvements sociaux en vue de satisfaire ses attentes de changements.

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