Quelles sont les causes du ralentissement économique chinois ?
Alors que la croissance mondiale ralentit, la Chine, pilier de l’économie internationale, réalise de faibles scores économiques. En 2018, Pékin a connu son taux de croissance le plus bas enregistré depuis trois décennies. Certains s’inquiètent de ce ralentissement, alors que la Chine continue d’investir massivement dans des projets titanesques comme les Nouvelles Routes de la Soie.
Un succès économique fulgurant
Deuxième économie mondiale, la Chine a connu un développement record au cours des vingt dernières années. Avec 9% de croissance en moyenne sur cette période, elle est souvent citée comme un exemple pour les pays en développement. Désormais, son objectif est de se rapprocher des standards des pays développés. Les raisons derrière le succès chinois sont multiples et complexes.
Parmi elles, les migrations urbaines ont permis le fleurissement des secteurs industriel et de la construction, grâce à une main d’œuvre nombreuse et bon marché. Ainsi, les fabricants ont bénéficié de coûts de production peu élevés qui leur ont permis de proposer des biens à des prix attractifs. De fait, l’économie chinoise repose tout particulièrement sur ses exportations compétitives. Celles-ci ont augmenté en moyenne de 14% par an depuis vingt ans, avec un pic exceptionnel à 33% en 2003. Cette structure économique a généré un excédant des comptes courants considérable. Toutefois, ce modèle semble menacé.
Démographie en berne, augmentation du coût du travail, endettement… : les causes du ralentissement économique
Cela fait plusieurs années déjà que les économistes attirent l’attention sur le ralentissement économique chinois. Cependant, c’est la première fois que les dirigeants chinois montrent de véritables signes d’inquiétude, en proposant des mesures spécifiquement destinées à relancer la croissance intérieure, comme des réductions d’impôts.
Ce fléchissement peut être expliqué par plusieurs facteurs. Tout d’abord, la démographie chinoise pèse sur son économie. En effet, depuis 2012, la population en âge de travailler a diminué, en partie du fait de la politique de l’enfant unique menée par le régime depuis 1979. Ce vieillissement de la société freine le dynamisme économique du pays. Malgré la suppression de cette mesure, la tendance ne semble pas sur le point de s’inverser. En effet, la famille de trois personnes est devenue une norme en Chine. De plus, beaucoup de couples ne peuvent pas s’offrir un deuxième enfant, souhaitant avant tout offrir une éducation de qualité à leur premier.
En outre, les mouvements migratoires qui avaient participé à la stimulation de la croissance se stabilisent et la productivité n’augmente que faiblement. Par ailleurs, le coût du travail a nettement augmenté du fait des revendications salariales. Si cette évolution est profitable à la population chinoise et, par extension, à la consommation intérieure, elle pénalise les exportations. De plus, la guerre commerciale engagée par Washington entrave encore un peu plus l’économie chinoise en réduisant son accès à l’un de ses marchés les plus importants. Ainsi, certaines multinationales préfèrent délocaliser leur filiale dans les pays d’Asie du Sud-Est où les coûts demeurent moins élevés.
Aujourd’hui, le principal sujet d’inquiétude se porte sur l’endettement massif de la Chine. En effet, pendant les vingt dernières années, elle a profité de sa croissance exceptionnelle pour investir massivement, sur son propre territoire et à l’étranger. Les emprunts contractés étaient principalement destinés à la construction de logements et d’infrastructures. Ainsi, depuis 2008, l’endettement total du pays (ménages, entreprises et Etat) a bondi de 146% à 250% du PIB. Si cette frénésie d’investissements semble s’apaiser, Pékin a toujours pour objectif de construire les Nouvelles Routes de la Soie. Ce projet monumental a déjà fait l’objet de nombreuses critiques, quant à l’endettement qu’il engendre.
Conséquences et perspectives pour le futur
La Chine étant très demandeuse de matières premières, un ralentissement de son économie pourrait avoir d’importantes retombées négatives sur cette filière. En effet, si celle-ci compte pour 20% de la population internationale et 13% du PIB mondial, elle consomme 60% du ciment et environ 50% du cuivre, charbon, aluminium et acier produits globalement. Ce risque pèse tout particulièrement sur les pays en développement, qui sont très dépendants de ces extractions.
Enfin, les ambitions de croissance chinoises se heurtent à la volonté des Etats-Unis de protéger leur statut de première puissance mondiale. Si la guerre commerciale initiée par Donald Trump est une première étape, il se peut que d’autres mesures soient mises en place pour freiner la progression chinoise, un défi que devra relever Pékin.
Afin de répondre au ralentissement économique, les autorités chinoises ont déjà annoncé des mesures fiscales comme des réductions d’impôts, destinées à stimuler la croissance intérieure. Si l’efficacité de cette politique n’est pas encore connue, il est évident qu’elle pèsera sur le budget de l’Etat. Elle affectera tout particulièrement les administrations locales du centre et de l’ouest du pays, qui dépendent fortement des aides étatiques. Pékin devra également faire face à la multiplication des revendications de la population chinoise, qui aspire à un niveau de vie semblable aux sociétés occidentales.
Sources
https://worldview.stratfor.com/article/china-opts-tax-cuts-jolt-its-economy-awake
https://www.foreignaffairs.com/articles/china/2019-03-11/whats-causing-chinas-economic-slowdown