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L’opposition syrienne se dote d’une tête…

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… mais ses ramifications demeurent encore limitées. Maaz Al-Khatib, l’ancien imam de la mosquée des Omeyyades de Damas, est donc désormais le chef de file d’une opposition syrienne toujours aussi disparate. Un chef imposé par les Etats-Unis et le Qatar peut-il renverser El-Assad ?

La Coalition nationale syrienne des forces de l’opposition et de la révolution est donc censée remplacer feu le Conseil National Syrien, groupe qui a en réalité plus défendu sa cause auprès de chancelleries du monde entier que lutté sur le terrain contre les forces du régime. Al-Khatib ressemble à ce qu’a été, quelques temps, M. El-Baradei en Egypte : un opposant emblématique, apprécié à la fois dans et en dehors de son pays. Néanmoins, M. El-Baradei avait échoué dans sa tâche de reprendre le pouvoir à Moubarak, ne jouissant pas d’un soutien assez important à l’époque. Le destin d’Al-Khatib sera-t-il le même ? Difficile à dire aujourd’hui.

Il n’en reste pas moins que la première tâche d’Al-Khatib sera de se faire accepter par les opposants au régime. Celui-ci a en effet été adoubé par les chancelleries du Golfe et par les Etats-Unis… sans l’être encore par les différents groupes d’opposition au leader syrien ! Comme si, une nouvelle fois, les leçons du passé (comme le soutien complètement artificiel à des pseudo-opposants à différents régimes) n’avaient pas été enregistrées.

Une intensification de la pression sur El-Assad est fortement prévisible

Avec Al-Khatib, l’opposition syrienne a probablement trouvé ce qui lui manquait : un homme reconnu et capable d’unifier une majorité d’opposants autour d’une même cause : destituer El-Assad avant de penser à la répartition des postes dirigeants une fois celui-ci renversé. Il n’en reste pas moins que les pays étrangers sont désormais passés à une nouvelle phase dans leur plan anti El-Assad : imposer une figure tutélaire de l’opposition, et faire entrer Israël dans l’équation déjà suffisamment compliquée. Le jeu du chat et de la souris vient en effet de commencer à la frontière israélo-syrienne, les deux camps échangeant des amabilités guerrières. Multiplier les fronts (après celui situé à la frontière turque, et tous ceux situés à l’intérieur du pays) affaiblit l’ennemi : voilà une maxime appliquée par tout bon chef de guerre !

Plusieurs questions demeurent : alors que le CNS n’était finalement qu’un méli-mélo de radicaux venus en Syrie pour faire la guerre, cette coalition saura-t-elle s’en débarrasser pour paraitre plus crédible aux yeux de la population syrienne ? Deuxio, qu’en diront les Russes et les Chinois, eux qui ont bien enregistré les leçons de l’offensive en Libye ? Ils ne soutiendront les pays occidentaux que si l’opposition parait représentative des intérêts réels de la population. Ce qui reste encore largement à démontrer !

 

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