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La Chine renforce sa présence au Pakistan

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La stratégie du collier de perles, bien connue des amateurs de géopolitique, et désignant les ambitions maritimes chinoises en Asie du Sud-est, ne doit pas faire oublier une autre ambition, terrestre celle-ci. En effet, les ambitions chinoises en Asie Centrale se renforcent année après année, comme vient de le démontrer un accord majeur avec le Pakistan.

Xi Jinping, le n°1 chinois, poursuit les ambitions occidentales de ses prédécesseurs
Xi Jinping, le n°1 chinois, poursuit les ambitions occidentales de ses prédécesseurs

Lors de la visite du dirigeant chinois Xi Jinping au Pakistan, un immense corridor économique, reliant l’ouest de la Chine au port pakistanais de Gwadar, l’un des plus importants du pays, a été dévoilé. Il s’agit d’un accord portant principalement sur l’amélioration d’infrastructures et de l’approvisionnement énergétique. Le montant, autour de 50 milliards de dollars, est considérable, prouvant là tout l’intérêt que la Chine porte à son voisin occidental. Les objectifs sont multiples pour la Chine en Asie Centrale. Bien évidemment, il y a l’enjeu énergétique, un peu plus au nord, pour profiter des richesses du sous-sol turkmène ou kazakh. Concernant cet accord avec le Pakistan, il s’agit plutôt de renforcer la puissance commerciale chinoise, en raccourcissant les distances et donc, les coûts. Le débouché n’est évidemment pas le seul Pakistan : le Moyen-Orient et l’Europe, très friands de produits chinois, sont des débouchés encore un peu plus accessibles. C’est une véritable nouvelle « route de la soie » qui se profile.

Néanmoins, l’identité du partenaire de la Chine fait débat. Le Pakistan n’est guère réputé pour sa stabilité, et il y a fort à parier que les nombreux pipelines et routes qui sillonneront le pays à l’avenir soient l’objet d’insécurité croissante. Qui plus est, l’ouest de la Chine, point de départ de ce corridor, faire encore face à de nombreuses tensions, notamment dans la province du Xinjiang. Ainsi, la faisabilité de cet accord est bien évidemment fort discutable, et il est fort probable qu’une bonne partie des investissements bilatéraux servent plus à sécuriser le corridor qu’à véritablement le faire vivre.

Vers une remise en cause des liens avec les Etats-Unis ?

Ce qui frappe avec cet accord, c’est évidemment le montant et l’ambition chinoise au Pakistan. Ces 50 milliards de dollars sont supérieurs aux apports américains au Pakistan, apports que l’on sait discutés outre-Atlantique. En effet, depuis de très nombreuses années, le double jeu pakistanais vis-à-vis des Etats-Unis est maintes fois décrié, alors même que Washington use volontiers du Pakistan pour ses opérations militaires. Pour l’instant, on peut penser que ce rapprochement bilatéral chino-pakistanais s’ajoute aux liens historiques tissés par le Pakistan avec les Etats-Unis, ces derniers fournissant une bonne partie de l’armement pakistanais, ce qui n’est pas l’objet de l’accord avec la Chine. Néanmoins, à moyen terme, le Pakistan pourrait bien être tenté de faire assurer sa sécurité par la Chine et non plus par l’ami-ennemi américain. La Chine, quant à elle, tâchera de remédier aux fléaux nuisant à de nombreux investissements au Pakistan : insécurité, corruption, rivalités, déficit électrique, etc. Ce dernier, dépassé par la force des groupes armés à ses frontières occidentale (Afghanistan) et orientale (Chine), ne peut voir cet accord que d’un très bon œil.

 

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