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Le pari manqué de Laurent Gbagbo

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Aux lendemains de sa défaite électorale du 28 novembre, le « Boulanger » Laurent Gbagbo avait décidé de confisquer le pouvoir en se faisant adouber par le Conseil constitutionnel – alors sous son contrôle – , dans l’espoir de pouvoir faire comme si rien ne s’était passé. Bien sûr, une telle situation n’était pas tenable sur le long terme, étant donné l’isolement du Président sortant sur la scène internationale. Néanmoins Gbagbo contrôlait les media et l’armée, et pouvait de fait étendre son pouvoir dans tout le sud du pays.

Sa stratégie était celle de l’usure : il comptait sur la lassitude de Ouattara, confiné dans son quartier général de l’Hôtel du Golfe, et du peuple ivoirien, déjà usé par de nombreuses années de guerre civile, pour lancer des négociations et obtenir une place de choix dans un gouvernement légitime et partagé avec ses opposants politiques. Sauf que Ouattara n’a jamais lâché sur la question du partage du pouvoir : il n’a jamais été question de laisser un quelconque rôle à Laurent Gbagbo dans son gouvernement.

Le temps a finalement fait son oeuvre : Laurent Gbagbo, trop seul sur la scène internationale, n’a plus de quoi entretenir sa cour. Ses généraux rejoignent massivement le camp Ouattara ou désertent tout simplement, à l’image de Philippe Mangou, chef d’état-major de l’armé, parti se réfugier auprès de l’Ambassadeur sud-africain à Abidjan. Alors que les troupes nordistes sont aux portes d’Abidjan, après avoir pris sans grandes difficultés Yamoussoukro, la capitale administrative du pays, il ne resterait au Président sortant que les forces spéciales de la Garde républicaine et les Cecos (commandos de forces spéciales) pour le défendre selon l’ONU – ces forces étant toutes positionnées autour du palais présidentiel et de sa résidence privée.

En fin de journée, Guillaume Soro, premier ministre de Ouattara, a lancé un ultimatum à Laurent Gabgo, lui laissant « quelques heures » pour quitter le pouvoir, et garantissant son intégrité physique s’il se rendait. Mais le risque d’affrontement est fort. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus en milieu de journée dans la plus grande ville du pays, et les forces françaises sont intervenues pour mettre fin à des pillages dans un quartier où habitent des ressortissants européens. On imaginerait mal l’homme qui confisquait le pouvoir pendant les quatre derniers mois se rendre sans combattre.

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