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Les Etats-Unis nous espionnent ? Ah bon !

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Parfois, la compréhension de la marche du monde ressemble plus à un épisode de « Bonne nuit les petits » qu’à un exercice de haute voltige. L’effroi provoqué par la découverte d’un espionnage massif par l’Agence de Sécurité Nationale américaine (la NSA) de diverses entités étrangères révèle autre chose, espérons-le, que l’extrême naïveté de ces dernières.

Quelques jours après les déclarations fracassantes d’Edward Snowden au sujet d’écoutes illégales réalisées par la NSA sur des citoyens du monde entier, voilà que l’on apprend aujourd’hui qu’une quarantaine de représentations étrangères, notamment celles de l’Union Européenne, ont été espionnées. Certes, nous pouvons plaindre les très nombreux agents qui ont s’enthousiasmer à espionner les réunions confidentielles entre eurocrates. Cependant, et blague à part, les Européens ont découvert avec stupéfaction que l’espionnage pratiqué par les Etats-Unis n’a pas seulement pour but d’infiltrer des entités ennemies.

Beaucoup s’émeuvent déjà de cette situation, déclarant que la Guerre froide n’est plus et que les Etats-Unis n’ont plus grand intérêt à savoir ce que leurs nations amies peuvent se dire. Soit ceci s’avère être d’une naïveté frisant le ridicule, soit cela n’est que surprise feinte. En effet, il parait sensé aujourd’hui d’affirmer que l’espionnage s’étend sur toute la planète et que l’information est la matière première la plus précieuse à acquérir afin de mener la marche du monde.

Certes, il est possible que cette affaire mette à mal les négociations actuelles entreprises entre l’UE et les Etats-Unis au sujet de l’extension des accords de libre-échange. La menace de gel de ces pourparlers, exprimée par certains (notamment le Président Hollande), n’a que peu de chances de se réaliser, l’influence européenne sur les Etats-Unis étant, comme nous le voyons depuis (au moins) le début de la crise actuelle, quasi inexistante.

L’espionnage technique, toujours plus anarchique et faisant fi des règles de bonne conduite

Cette affaire fait évidemment les choux gras de l’antiaméricanisme, et beaucoup moins ceux de Barack Obama, qui, il y a deux mois, critiquait violemment la Chine au sujet de son… espionnage.  Au-delà de ce double discours, la réalité est bien loin des discours moralisants apportés ici et là. Dans un monde de plus en plus concurrentiel, avoir un pas d’avance sur l’autre, partenaire ou ennemi, par un moyen « moralement et éthiquement acceptable » ou non, n’est pas à négliger. Là encore, notre continent est en retard, à trop vouloir défendre des valeurs de respect et de confiance entre les nations, fort honorables, mais décalées par rapport à la cruelle réalité du monde actuel.

Espérons que cette affaire fasse réfléchir les pays européens sur la nature de la relation entretenue avec les Etats-Unis. Les relations internationales ne peuvent plus être vues sous le seul angle du manichéisme. Il n’y a pas de nation amie ou ennemie. Seulement des partenaires économiques, politiques et financiers cherchant, dès lors qu’ils le peuvent, à plus agir selon leur but propre qu’en suivant une hypothétique volonté commune.

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