L’affaire PRISM
Les réseaux sociaux et autres géants de l’internet ont toujours eu une double réputation. Si la part optimiste se révèle tous les jours en ce sens qu’ils sont des outils extrêmement pratiques qui permettent de rester connecté avec le monde entier, participant ainsi à la mondialisation de l’humanité, l’affaire PRISM est l’aiguillon qui nous rappelle que tout ce que nous disons est susceptible d’être utilisé contre nous. Et l’internet n’oublie rien.
Le programme PRISM est un programme coordonné par la National Security Agency (NSA), une des grandes agences fédérales aux Etats-Unis, et qui compile et analyse un ensemble de données considérables comme des conversations téléphoniques mais aussi, et surtout, des données issues des réseaux sociaux ou des grandes compagnies du net comme Google, Yahoo ! ou encore Facebook. Seul Twitter aurait refusé de coopérer selon les informations du New York Times. Les grands groupes incriminés ont tous fermement nié leur participation à ce programme. Larry Page de Google aurait annoncé : « nous n’avons jamais fait partie d’un programme qui aurait donné un accès direct à nos serveurs au gouvernement américain – ou tout autre gouvernement ». Même son de cloche chez Yahoo ! et Facebook qui démentent toute participation à un tel projet.
Le New York Times semble être toutefois très informé puisqu’il évoque même quelques détails très inquiétant comme l’instauration de portails hautement sécurisés pour donner à l’administration l’opportunité de demander des informations et de venir les chercher lorsque les compagnies auraient effectué les recherches correspondantes. Plus récemment, le débat s’est étendu au Royaume-Uni puisque les services secrets auraient été en contact avec leurs homologues américains pour procéder à un échange d’informations acquises dans le cadre de ce programme PRISM.
Cela est une opération sans précédent, à l’exception peut-être de la Chine, et peut avoir des conséquences véritablement désastreuses. Si certes le besoin de sécurité des états va toujours croissant, parallèlement au développement des nouvelles technologies, il est vraiment impensable que Big Brother devienne plus qu’une chimère ou dépasse le stade de quelques écoutes téléphoniques. On ne peut pas permettre qu’un gouvernement démocratique puisse à ce point faire intrusion dans nos vies privées et ce au nom d’une sécurité qui n’est, par ailleurs pas remise en question jusqu’ici.
Big Brother is watching you !
Ce qui est en jeu, c’est véritablement notre droit à interagir sans qu’un gouvernement ne le sache. Si la masse de données produites chaque jour dans le monde est exceptionnelle, les techniques d’analyse du Big Data, qui ont fait une entrée fracassante sur le devant de la scène lors de la seconde élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, devraient permettre à l’avenir de brasser et d’analyser pertinemment des séries de données d’une taille colossale. Le Léviathan que dénonçait Hobbes en son temps déjà est en train de véritablement prendre forme et de manière beaucoup plus insidieuse qu’il n’était possible d’envisager jusqu’à il y a quelques années. Ce scandale laissera sans doute des traces dans les grands groupes de l’internet américain mais ils sont tellement intégré dans notre quotidien que le désamour qui suivra peut-être ces révélations sera probablement très faible au regard de la gravité des évènements.
Laissons le mot de la fin à Julian Assange, fondateur du site WikiLeaks qui affirme que « l’avancée des technologies de l’information annonce la fin de la vie privée. »