La nouvelle orientation de l’armée japonaise
Le gouvernement de Shinzo Abe, le premier ministre japonais, s’apprête à faire voter une loi concernant l’armée nippone. Cette dernière, appelée « Force d’auto-défense » était limitée depuis la fin de la seconde guerre mondiale à des opérations internes. La Constitution japonaise de 1945 mentionne en effet dans son article 9 le fait que le pays aspire « sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre ». Cependant face à l’épreuve du temps et de la géopolitique, le Japon est autorisé à envoyer des forces défensives à l’étranger. En 1992 pour la première fois des forces non-combattantes japonaises sont envoyées au Cambodge. De plus, ils ont également accompagné leur allié américain lors de l’expédition en Irak entre 2003 et 2008. Ainsi, le premier ministre japonais souhaite modifier cet article 9 de la Constitution afin que des forces armées de type offensif puissent être envoyées à l’extérieur du pays pour venir en aide militairement à un pays allié. Toutefois cette mesure qui est en passe d’être votée est vivement contestée par la population et doit encore être votée par le Parlement bien que la coalition de Shinzo Abe y possède une large majorité. Cette modification de la Constitution japonaise est voulue par Shinzo Abe puisque selon ce dernier, les menaces pour le Japon et sa population ont changé de nature. Il fait notamment référence à la mort de 10 japonais dans la prise d’otage d’In Amenas en Algérie en 2013 et la décapitation de deux japonais par Daech en janvier 2015.
Un reflet des enjeux en mer de Chine
Comme les autres pays riverains de la mer de Chine qui augmentent leurs budgets alloués à la défense et leurs matériels militaires, le Japon entre également en scène. Le budget de l’armée nippone depuis que Shinzo Abe est arrivé au pouvoir en 2012 est en constante augmentation. Cette année a été votée la troisième augmentation alors que le pays restait sur onze années de compression du budget de la défense. Le Japon possède maintenant le sixième budget consacré à la défense le plus conséquent, il vient, grâce à ces mesures, de dépasser la France. Cette mesure qui vise à ce que le Japon puisse venir en aide à un allié va notamment profiter aux Etats-Unis et à l’Australie. Ces deux pays sont liés au Japon par un traité, le premier signé en 1960 avec les Etats-Unis et le second, plus récent, signé avec l’Australie en 2007. Toutefois, bien que le Japon puisse désormais davantage participer aux opérations de sécurité dans le monde et avoir un poids plus conséquent sur la scène internationale, cette mesure contrarie fortement son voisin chinois. La Chine a en effet déclaré qu’il s’agissait d’un « acte sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale », avant d’ajouter qu’elle « exhorte le Japon à tirer les leçons de l’Histoire, à demeurer sur la voie du développement pacifique, à respecter les préoccupations majeures de sécurité de ses voisins asiatiques et à s’abstenir de menacer la souveraineté de la Chine ». Cette dernière déclaration fait directement référence aux îles Senkaku en mer de Chine qui sont revendiquées par les deux pays. Les positions en mer de Chine restent donc tendues, le Japon avec cette loi réaffirme ainsi sa détermination face à la Chine. Cette dernière avec sa stratégie d’expansion maritime oblige ses voisins à se mobiliser, c’est le cas des Philippines, de la Malaisie, du Vietnam, de Brunei ou encore de Taiwan qui augmentent leurs budgets militaires d’années en années, et maintenant du Japon. Il ne faut également pas oublier que cette nouvelle orientation japonaise permet de servir l’influence américaine dans cette partie du monde où le Japon est l’allié historique et principal.