La Hongrie, mauvaise élève de l’Union Européenne ?
Viktor Orbàn, premier ministre de la Hongrie, a été largement réélu en avril dernier, conservant ainsi une majorité des deux tiers au Parlement. Bien que plébiscité par le peuple hongrois, la politique d’Orbàn est souvent désapprouvée par l’Union Européenne.
Les accusations envers l’Etat hongrois sont fréquentes : l’Etat de droit n’y serait pas toujours respecté, la liberté de la presse malmenée… Angela Merkel, en visite en Hongrie, le 2 février dernier, a du rappeler à son homologue hongrois que la démocratie s’entend notamment par le respect de l’opposition, de la société civile et des médias. La veille, des milliers de hongrois s’étaient rassemblés devant le Parlement pour réclamer le respect des droits de l’homme dans le pays, allant même jusqu’à appeler à « une nouvelle république de Hongrie ».
Ce point de tension avec l’Union Européenne, qui attache de plus en plus de valeur aux droits de l’homme, intervient moins d’un mois après la signature par la Hongrie d’un contrat avec la Russie pour l’extension de l’unique centrale nucléaire hongroise. Avec la crise ukrainienne qui n’en finit pas, un possible rapprochement entre la Hongrie et la Russie serait très mal vu à Bruxelles.
La Hongrie est-elle en train de s’éloigner des conceptions idéologiques européennes ?
A première vue, Viktor Orbàn, élu en 2010 pour tourner définitivement la page du communisme n’a rien en commun avec Vladimir Poutine. Pourtant, depuis, la Hongrie a réaffirmé les valeurs chrétiennes de la République, fermant ainsi le débat sur l’euthanasie mais aussi l’ouverture au mariage des couples de même sexe. Il semble que ces valeurs se rapprochent des valeurs actuelles de la Russie. L’Europe a vu cette évolution d’un mauvais œil, allant jusqu’à menacer la Hongrie de lui retirer son droit de vote au sein des institutions européennes. Une menace vaine : de quel droit peut-on sanctionner un gouvernement démocratiquement élu ?
En ce qui concerne le respect des droits fondamentaux en Hongrie, on peut déplorer qu’Angela Merkel n’ait pas fait preuve de plus de fermeté. Evidemment, le CDU de Merkel et le Fidesz d’Orbàn sont alliés au sein du Parti Populaire Européen (PPE), ce qui pourrait expliquer les paroles prudentes de la chancelière allemande. Les droits de l’homme seraient-ils bien peu de choses face aux intérêts politiques ?