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La politique étrangère d’Emmanuel Macron: une continuité du Hollandisme ?

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Si le candidat d’En Marche se réclame d’un héritage “gaullo-mitterrandien” sur sa politique étrangère, il convient d’aller au-delà d’un paradigme plus rhétorique que pratique. Il apparaît alors qu’Emmanuel Macron, néophyte sur ce terrain, mais bien entouré – en témoigne le soutien du ministre de la défense Jean Yves Le Drian – s’inscrit dans la filiation d’un quinquennat marqué par une continuité européenne et un interventionnisme libéral, ce qui ne l’empêche pas de marquer ses ruptures sur certains dossiers, notamment avec l’idée d’un service universel obligatoire.

Une politique extérieure nationale sous le signe de l’Europe et du multilatéralisme

Emmanuel Macron en déplacement au Liban le 23 janvier dernier

Bien que le paradigme européen se soit trouvé opposé par de nombreux candidats à la “souveraineté nationale”, Emmanuel Macron voit au contraire, dans une Europe renforcée, le moyen de restaurer l’influence française et un mécanisme de projection diplomatique. À cet égard, on ne s’éloigne pas de la politique de François Hollande, en dépit de la relative froideur du couple franco-allemand comparé à l’ère Sarkozy. Pour le jeune candidat, c’est à travers l’Europe que des solutions efficaces pourront être trouvées aux crises majeures actuelles. La lutte contre le terrorisme néo-fondamentaliste doit ainsi, selon lui, passer par une coopération européenne accrue en termes de défense et de renseignement. Même constat sur les relations avec Moscou : « seule la fermeté et l’union des Européens permettront de maintenir un dialogue ouvert avec Moscou qui est indispensable » déclarait-il en mars dernier. Cette appétence pour le dialogue n’empêche pas le candidat de vouloir une « fermeté » vis-à-vis de la Russie, à travers notamment le maintien de sanctions économiques le différenciant de François Fillon ou Marine Le Pen.

Au-delà d’une logique communautaire, c’est par extension le multilatéralisme que Macron souhaite réaffirmer, plaçant sa confiance dans l’ONU et ses agences sans lesquels on ne “peut promouvoir efficacement la paix”. Sur la question des réfugiés, il aspire à un véritable burden-sharing au niveau européen mais aussi à une contribution accrue de la France au HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés). Interrogé sur RFI sur le Sahara Occidental, il a, là encore, réaffirmé son soutien à la “feuille de route” des Nations Unies, au risque de paraître botter en touche au nom du multilatéralisme.

Un interventionnisme libéral dans la continuité du quinquennat

Emmanuel Macron ne s’éloigne pas non plus du paradigme “interventionniste libéral”. Interpellé sur le Mali, il a confirmé la pertinence de l’opération Serval. Un positionnement proche de l’école de pensée réaliste qu’il a affirmé dans une réunion publique le 20 Mars dernier :  «nous sommes entrés dans une époque des relations internationales où la guerre est à nouveau un horizon possible de la politique». Interventionnisme qui ne doit pas pour autant laisser la porte ouverte à une tentation unilatéraliste : le candidat réprouve ainsi les solutions militaires court-termistes hors du cadre d’une feuille de route diplomatique primant la construction d’une paix durable.

Si l’on s’attarde sur les questions de défense, les mesures largement inspirées par Jean-Yves Le Drian, ne procèdent pas d’une rupture fondamentale. À l’implication de la France dans l’OTAN, s’ajoutent des mesures de préservation du budget domestique pour la défense pour “donner aux armées les moyens d’assurer la souveraineté stratégique de la France”. On citera parmi les mesures proposées l’objectif d’atteindre un effectif de 77 000 hommes pour les forces d’opération terrestres, la promesse de porter le budget français de la défense à 2% du PIB ou encore le maintien d’une dissuasion nucléaire aussi bien navale qu’aéroportée.

Une continuité qui n’empêche pas certaines nouveautés

En scrutant attentivement le programme du leader d’En Marche, on remarque néanmoins quelques innovations ou ruptures avec la doctrine hollandiste. Sur les questions de défense d’abord, Emmanuel Macron entend instituer un service militaire universel. La portée médiatique d’une telle proposition semble néanmoins éloignée des contraintes de la mesure qui pourrait coûter à terme à la France plus de quinze milliards d’euros.

C’est également sur la question syrienne que l’ancien ministre de l’économie expose ses différences d’appréciation avec la position française, écart néanmoins relatif. En déplacement au Liban, le 23 janvier dernier, il a pris ses distances avec la politique pro-opposition défendue par Paris faisant du départ de Bachar Al-Assad un préalable. S’il ne se voit pas “pactiser” avec un homme qui doit être traduit devant la justice internationale, il entend pour autant mener une politique « d’équilibre » entre les différents partis à travers un format de type 5+1-à l’exemple des négociations avec l’Iran mais en faisant en sorte d’inclure les Etats arabes, parties prenantes d’un tel dossier. C’est donc une politique étrangère dans la continuité  des quinquennats précédents que défend Emmanuel Macron, proche des paradigmes traditionnels “européen”et “interventionniste”, n’empêchant pas des divergences notamment sur la politique choisie par Paris sur le dossier syrien. Symbole de cette inscription communautaire, il a déclaré que sa première visite diplomatique s’effectuera en Allemagne s’il est élu.

Sources

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/04/12/emmanuel-macron-son-programme-afrique-je-veux-mobiliser-plus-de-financements-pour-les-pme-locales_5110340_3212.html

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/03/18/defense-politique-exterieure-macron-expose-ses-grandes-options_5096869_4854003.html

http://www.rfi.fr/emission/20170405-emmanuelle-macron-politique-internationale

http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170418.OBS8155/ces-diplomates-qui-s-activent-pour-macron-en-coulisses.html

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/03/18/emmanuel-macron-propose-le-retablissement-d-un-service-national-d-un-mois-obligatoire_5096848_4854003.html

Christian Lequesne. La politique extérieure de François Hollande : entre interventionnisme libéral et necessité européenne : Contribution a la journée d’ études ”Le PS au pouvoir” (6 juin 2014). 2014. <halshs-01063241>
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