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Prise de conscience : la biodiversité sur le devant de la scène internationale (2/2)

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is.Suite à ces résultats désolants, naquit le besoin d’un nouvel engagement international en faveur de la biodiversité. La COP 15 hérita, de fait, de l’ambition d’un nouveau cadre mondial de référence, tel l’Accord de Paris pour le climat.

Succès historique : Un cadre mondial pour la biodiversité

Prise de conscience : la biodiversité sur le devant de la scène internationale (2/2)La COP 15, s’est réuni du 7 au 9 décembre 2022. Initialement prévue à Kunming, en Chine, elle fut reportée puis déplacée à Montréal, du fait de la stratégie zéro Covid chinoise. Il aura fallu quatre années de négociations et de préparations mouvementées pour finaliser cette COP par un accord qui en aura surpris plus d’un.

Le Cadre mondial Kunming-Montréal, et ses 195 signataires, s’est fixé des objectifs ambitieux. Un objectif 30 x 30 x 30, vise la protection de 30% des aires marines, la protection de 30% des aires terrestres et la restauration de 30% des espaces dégradés. Un objectif polémique qui a bien failli menacer l’accord. La République Démocratique du Congo a notamment clamé son désaccord lors de l’adoption du texte final. Ainsi, seuls 115 pays membres se sont engagés pour l’objectif 30x30x30 et la création d’un secrétariat dédié. D’autres objectifs ambitieux, tels que la réduction respective de 50% des espèces invasives et des risques liés aux engrais et pesticides en font également parti.

En matière de financements, l’accord vise une baisse de 500 milliards de dollars de subventions négatives pour la biodiversité et un triplement des flux Nord-Sud. Ceci amènerait les flux Nord-Sud à 30 milliards de dollars par an en 2030. Les financements globaux pour la biodiversité passeraient à 200 milliards de dollars par an.

Un premier pas pour la biodiversité qui reconnait officiellement la place des populations autochtones au sein des enjeux de conservation. « Pour nous, c’est comme un changement de paradigme. Ils reconnaissent le rôle important qui était auparavant invisible », énonce Viviana Figueroa, une représentant du Forum International des Autochtones sur la Biodiversité (IIFB).

Un accord imprécis et non contraignant

Parmi les défauts de cet accord, certains citent son manque de précision et de mesures contraignantes pour s’assurer de la réalisation desdits objectifs. En effet, le Cadre Mondial se fonde sur ce que l’on appelle de la « soft law ». Il n’y a aucun mécanisme de sanction, et les règles indiquées par l’accord peuvent être librement interprétées par les États. Les États feront-ils les bons choix quant à la protection de la Biodiversité ? La question et posée.

La réponse, elle, sera évaluée en 2030. Au travers cet accord, les pays se sont en effet engagés à décrire les avancées effectuées dans des rapports nationaux. Les premiers sont attendus en Février 2026, et nourriront un premier bilan global. Les deuxièmes, sont attendus en juin 2029, et informeront un deuxième bilan global, qui clôturera ce cycle stratégique 2022-2030. La COP19, accueillera ainsi les négociations autour d’une nouvelle stratégie post-2030.

Un absent significatif est également à noter. Les États-Unis, comme le Vatican, ne font pas partie de la Convention sur la Biodiversité Biologique. Bien que Bill Clinton, l’ait signée en 1993, le Sénat américain ne l’a pas ratifiée. A ce titre, les États-Unis ne sont pas redevables vis-à-vis des engagements pris à la COP 15.

Une recherche internationale mobilisée

Cette COP aura bénéficié de la sortie de nouveaux rapports de l’IPBES, de l’UNEP et du WWF en 2022, sur le statut et les enjeux mondiaux de la biodiversité. Ainsi le lien entre biodiversité et lutte contre le changement climatique fut appuyé. Ce lien historiquement jeune se retrouve notamment dans la version 6 du rapport du GIEC, qui reconnait « l’interdépendance du climat, des écosystèmes et de la biodiversité, et des sociétés humaines. » En effet ces divers sujets se retrouvent imbriqués à plusieurs égards.

Un nouveau paradigme : biodiversité climat

Dans un premier temps, la protection de la biodiversité représenterait aujourd’hui près de 30% des solutions d’adaptation et d’atténuation face aux effets du changement climatique. Ceci sans compter le potentiel de certains écosystèmes, encore peu connus, tels que ceux nichés dans les fonds océaniques. A l’inverse, la perte en biodiversité peut inclure le rejet de nouveaux stocks de CO2 précédemment emmagasinés. En 2017, par exemple, une étude reliait la déforestation et la dégradation des forêts tropicales comme causes de la libération accrue de CO2 et de leur perte de fonction en tant que ‘puits de carbone’.

Dans un second temps, un accès plus rare aux ressources naturelles vitales peut accroître la vulnérabilité de certains groupes face au changement climatique et renforcer les inégalités en place. Au Bénin par exemple, les tâches domestiques sont culturellement attribuées aux femmes. Parmi elles, on peut compter la recherche de bois ou d’eau. La diminution des ressources en eau, et la déforestation grandissante, peuvent ainsi amener les femmes et les enfants à s’aventurer plus loin. Le temps alloué à ces tâches s’agrandit. D’une part cela décroit leurs possibilités de repos ou d’éducation. D’autre part, cela les expose davantage (aux maladies, aux conflits, aux événements extrêmes…).

Enfin, le climat est amené à devenir la première cause de perte en biodiversité dans les années à venir. Aujourd’hui, il se classe derrière le changement d’usage des terres et la surexploitation des ressources.

A suivre…

L’interdépendance des sujets Biodiversité et Climat doit ainsi être considérée dans son ensemble. Malheureusement, ce lien n’en est qu’à ses débuts. La biodiversité ne représente aujourd’hui que 2% des financements climatiques mondiaux. Le Cadre Mondial Kunming-Montréal porte ainsi sur ses épaules de grands espoirs.

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Gabrielle FRANCK

Gabrielle FRANCK est étudiante de niveau master, poursuivant un double diplôme «International Relations and Politics and Public Administration» dans les universités partenaires Charles (Prague) et Konstanz (Allemagne).

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