Italie : les populistes au pouvoir
Le 4 mars dernier, les Italiens étaient appelés aux urnes pour les élections législatives. Dans un contexte de crise et un rejet total de la classe politique, c’est le mouvement Cinque Stelle qui a remporté la majorité relative avec plus de 32% des voix. Ce mouvement qui se voulait antisystème, s’est retrouvé contraint de fonder une alliance afin d’éviter le statu quo.
Une alliance inédite avec l’extrême droite
Le Movimento Cinque Stelle (M5S) est un ovni politique. La plupart des experts ne savent pas dans quelle case de l’échiquier politique le ranger. Adoptant à la fois des positions de droite et de gauche, le seul terme qu’il est possible de leur attribuer est celui de populiste. La ligne du parti a toujours été un rejet total du système et des autres partis politiques. Pourtant, cette fois, le M5S a été obligé à s’allier avec l’un de ses partis. Arrivé en tête des élections, Luigi Di Maio, leader du parti a fait le choix de s’allier à Matteo Salvini, leader de la Lega, le parti d’extrême droite, afin de former un gouvernement. Ce dernier comptait créer une coalition avec Forza Italia, le parti de Berlusconi afin de gouverner, néanmoins les 37% remportés par la coalition ne leur permettaient pas d’obtenir la majorité. L. Di Maio de son coté a refusé catégoriquement de s’allier à Berlusconi qu’il a toujours critiqué et combattu, ni avec M.Renzi qui représentait jusque là le principal ennemi du M5S. Ainsi, le leader des Cinque Stelle a parlé d’un contrat « à l’allemande » afin de pouvoir gouverner. Il est néanmoins assez clair que cette alliance était la plus naturelle pour le mouvement fondé en 2009, étant donné que la Lega représente aussi cette vague antisystème présente en Italie
« Un contrat pour un gouvernement de changement »
Le 18 mai, le M5S a publié sur internet le programme commun sur lequel se sont accordées les deux formations après de longues et éprouvantes négociations. Sur le plan économique, le programme vis à réduire le déficit public, non par l’intermédiaire de politiques d’austérité contre lesquelles le M5S s’est toujours battu, mais par l’investissement en vue de stimuler la consommation interne et soutenir le pouvoir d’achat des citoyens. Le programme prévoit aussi de demander à Mario Draghi d’annuler purement et simplement la dette de 250 milliards d’euros détenue par la BCE. Le programme adopte une position très dure sur les questions d’immigration afin de réduire les flux entrants en faisant pression sur les autres pays européens en vue de mieux se partager les flux arrivants. Le programme compte aussi assurer un plus grand contrôle sur les mosquées ainsi qu’une campagne de contrôle et fermeture radicale des associations islamistes radicales. Au niveau de la politique étrangère, la coalition appellera à l’abandon des sanctions contre la Russie. Plusieurs autres mesures radicales seront prises, notamment pour la lutte contre la corruption ainsi que les investissements afin de « décarboniser » et « défossiliser » la production en soutenant et finançant les énergies renouvelables et l’économie circulaire.
Plus de peur que de mal pour l’UE, malgré un risque toujours présent
La principale nouveauté de ce programme est l’abandon du référendum pour la sortie de l’Union européenne. En effet, les deux partis sont des partis eurosceptiques, et le risque d’un référendum pour la sortie de l’Union inquiétait Bruxelles. Plusieurs mesures vont dans une direction qui s’oppose à la Commission européenne : les deux partis tenteront de renégocier les traités, modifier la gouvernance économique européenne (pacte de stabilité, politique monétaire) et de corriger le fonctionnement du marché commun afin de lutter contre le dumping fiscal et social. Il sera néanmoins difficile pour le gouvernement italien de peser dans les négociations et l’échec semble être probable. La question est donc de savoir la question de la sortie de l’Europe a définitivement été abandonnée ou bien elle reste une option pour l’alliance au pouvoir.