Rétrospective 2014 : l’Etat islamique, le paroxysme du groupe terroriste ?
Il ne fait pas peu dire que l’Etat islamique, aussi connu sous le nom de Daech, a fait une entrée fracassante dans l’actualité géopolitique de l’année. Ses gains territoriaux successifs, mais surtout sa terreur ont fortement marqué le monde, ce qui fait craindre une dérive inarrêtable dans les mois à venir.
L’Etat islamique a tout simplement renvoyé Al-Qaïda à ses chères études. Là où le groupe initié par Oussama Ben Laden avait mis plusieurs années pour constituer une réelle menace pour l’Occident, l’Etat Islamique a profité du chaos irakien et syrien pour s’emparer facilement et en quelques mois de capacités militaires et financières uniques dans l’histoire du terrorisme. Certes, le groupe n’a pas encore la capacité de projection qu’avait Al-Qaïda durant les années 2000, mais son objectif est, pour l’instant, différent. Il s’agit de rétablir le califat islamique en éradiquant toute opposition, qu’elle soit politique ou religieuse. Et après seulement quelques mois, l’objectif est atteint.
La menace est encore plus forte lorsqu’on s’aperçoit que l’Etat islamique est un groupe terroriste mondialisé. Non pas dans sa présence géographique, mais dans son recrutement et influence. L’hyper-sécurisation de l’Occident, conséquence majeure du 11 Septembre, ne pourra rien face à des menaces isolées que pourraient représenter d’anciens djihadistes amenés à importer le djihad en Occident, ce que, pour le moment, l’organisation s’interdit. L’Etat islamique est également mondialisé dans le sens où il manie à merveille la Révolution numérique générée par Internet. Plus qu’une idéologie, il semble que l’EI veuille démontrer que sa force et sa violence n’ont aucune limite, et se plaît à le montrer via diverses vidéos. Nul besoin d’Al-Jazeera comme Al-Qaida en son temps : Youtube fait très bien l’affaire. Ce phénomène, ajouté à l’islamophobie croissante en Occident, décuple le pouvoir de l’organisation.
L’Etat islamique, ovni géopolitique
L’EI a compris l’erreur d’Al-Qaida, qui a causé sa quasi-disparition : ne pas avoir un territoire propre et suffisamment étendu qui peut servir de base arrière. Les montagnes afghano-pakistanaises ont été principalement un refuge pour Al-Qaida ; la Syrie et l’Irak seront un bastion de puissance pour l’EI. Cette dernière a profité de l’affaiblissement local, majoritairement dû à des erreurs stratégiques internes et surtout externes. A force d’armer une opposition beaucoup trop faible en Syrie, d’exclure Al-Assad de tout dialogue multipartite, de lâcher l’Irak pour des raisons financières, de ne rien dire face à l’armement des djihadistes provenant du Golfe, les puissances étrangères ont contribué au pourrissement de la situation.
Le salut, ironiquement, pourrait venir de l’Iran. Un Iran déterminé à combattre cet ennemi sunnite et à démontrer que son statut de paria appartient à l’histoire ancienne. Sauf si le pays continue à être pris à la gorge par un embargo continu et par une baisse durable des cours des hydrocarbures malheureusement décidée en haut lieu. Pendant ce temps, l’EI pourra tranquillement s’étendre, sans pour autant vouloir attaquer l’Occident en face à face. Du moins, pas tout de suite.