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Le FMI fait-il son mea culpa ?

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Dans son dernier rapport, le FMI invite à taxer les revenus les plus riches pour favoriser « une croissance plus inclusive »

Cela a de quoi surprendre. Le rapport publié par le FMI en octobre 2017 dénonce les immenses inégalités de revenus, qui, pour l’institution de Bretton-Woods sont un frein à la croissance. Le fonds monétaire international appelle donc dans sa dernière édition du Moniteur des finances publiques à une imposition plus progressive, en taxant les revenus les plus riches. Cette prise de position va à l’encontre de la logique néolibérale adoptée par les économistes du FMI depuis les années 1980.

Les origines du FMI

Cette institution publique internationale a été créée en 1945 à l’issue des accords des Bretton Woods. Son but initial est de promouvoir la coopération monétaire internationale, assurer la stabilité du système monétaire international et d’intervenir lors des crises financières par l’intermédiaire de prêts octroyés aux pays vivant des difficultés financières. Le but étant d’éviter que le monde ne replonge dans une crise de même envergure que celle qu’avait provoquée le krach boursier de 1929. Son rôle a toutefois évolué depuis 1976 et l’enterrement définitif du système de change fixe.

Une institution fortement contestée

Le FMI est devenu depuis les années 1980 un organisme de financement à court et moyen terme pour les pays surendettés. En contrepartie de ses prêts, il impose aux pays auprès desquels il intervient des plans d’ajustement structurels, qui sont des politiques d’austérité d’inspiration libérale qui préconisent des baisses des dépenses publiques, des programmes de privatisations, des politiques de dérégulations et de déréglementation, ainsi qu’une une libéralisation et ouverture des marchés des capitaux. Ces politiques ont reçu plusieurs critiques, notamment des courants altermondialistes. Le FMI est accusé de favoriser l’intérêt des marchés financiers au détriment de la souveraineté des nations et du coût social que ces politiques peuvent avoir. Certaines émeutes ont même eu lieu, comme en Jordanie en 1996 contre les mesures de libéralisation des prix imposées.

D’autres économistes tels que le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz ont dénoncé un aveuglement idéologique de cette institution, qui ne prend pas en compte la complexité de chaque situation en voulant à tout prix appliquer sa « recette magique » tel qu’il l’explique dans son ouvrage La Grande Désillusion où il critique la manière dont le FMI a géré certaines crises, notamment la crise asiatique de 1997 et la transition vers l’économie de marché de la Russie pendant les années 1990.

Un mea culpa ?

Face à ces critiques, le FMI tente de réformer sa manière de faire. Un article publié en 2016 par la section recherche du FMI s’intitulait « Le néolibéralisme est-il surfait ? ». Cela témoigne d’une volonté de faire le bilan et de s’interroger sur l’efficacité des politiques préconisées par l’institution de Bretton Woods. Ce n’est pour autant pas une remise en question totale de la logique néolibérale dans laquelle s’est inscrit le FMI depuis des décennies. Maurice Obstfeld, chef économiste du FMI a déclaré préfère parler « d’évolution et non de révolution ». Il affirme que la crise de 2008 a poussé la plupart des économistes à remettre en question « la perfection des marchés », mais que cela ne voulait en aucun cas dire abandonner les principes fondamentaux de l’économie de marché, de l’ouverture et de la concurrence. Ce dernier rapport appelant à taxer plus les hauts revenus s’inscrit donc dans un processus d’évolution du FMI, sans pour autant qu’il n’y ait d’inflexion majeure dans la démarche de cette institution.

 

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