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La fin de la lutte contre le M23 : quels enjeux ?

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Le lancement le 3 décembre par l’ONU à Goma (Nord-Kivu) d’un drone afin de localiser les différents groupes armés et de surveiller les frontières de la République démocratique du Congo avec le Rwanda et l’Ouganda, – première utilisation de ce type par l’organisation – atteste d’une volonté de renouvellement de la stratégie de lutte contre les rébellions qui agitent la région. Cela fait notamment suite à l’annonce faite par le gouvernement de la RDC, le 5 novembre 2013 d’une victoire de l’armée sur la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23)  et de la fin de la lutte armée par ce dernier. Ces annonces ont pu être considérées comme historiques à plusieurs égards.

Il s’agissait en effet de la première victoire de l’armée contre une rébellion depuis l’indépendance du pays. En 1963, lors de la sécession de la province riche du Katanga au sud-est du pays, l’intervention de troupes étrangères avait été nécessaire. La victoire récente semble cependant avoir été acquise grâce à l’aide capitale fournie par la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco). Par ailleurs, le M23 a indiqué vouloir renoncer à l’action armée en faveur d’une intégration au jeu politique et institutionnel, faisant ainsi espérer une stabilisation à long terme du pays. La fuite présumée du chef militaire des rebelles Sultani Makenga vers le Rwanda – pays régulièrement accusé, avec l’Ouganda, de soutenir les rebelles – en amoindrit la portée et la défaite du M23 pourrait également s’expliquer par la fin du soutien apporté par Kigali et Kampala.

Aussi, si les autorités congolaises ont semblé ouvertes à la discussion, elles ont par le passé favorisé l’option militaire et possèdent un avantage notable face aux rebelles : souveraines et maîtresses du jeu, elles peuvent par exemple émettre des mandats d’arrêts internationaux contre les chefs rebelles ou demander aux pays voisins de livrer les rebelles. L’absence de signature d’accord juridique entre le gouvernement et le M23 fragilise ainsi la portée de cette reddition.

Après la victoire en demi-teinte des forces congolaises, de nombreuses incertitudes demeurent.

L’avenir de la région du Nord-Kivu, foyer de nombreuses rébellions comme en 1996 lorsqu’il a été le lieu de départ de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila pour renverser la dictature de Mobutu Sese Seko ou encore l’épicentre de la guerre qui a agité la région entre 1998 et 2003, pose problème. Si le M23 est le groupe rebelle le plus médiatisé, une quarantaine d’autres groupes comme Nyatoura ou l’APCLS (Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain) sont toujours actifs. Près de 1400 ex-rebelles se seraient rendus à l’armée, dont 400 des 1700 que compterait le M23. Cependant, aucune véritable stratégie de démobilisation des forces (désarmement et réinsertion dans la vie civile) ne semble avoir été prévue et l’ONU n’a reçu aucun document cadre. A cela s’ajoute la grande diversité de ces groupes qui fait naître des attentes spécifiques. Certains ont par exemple combattus aux côtés de l’armée contre le M23 et espèrent une intégration dans les forces armées congolaises.

Ces évolutions ouvrent ainsi une nouvelle ère d’incertitudes. Début décembre, la rencontre entre les présidents ougandais, Yoweri Museveni, et congolais, dont les relations étaient jusqu’à présent tendues, s’est achevé sur l’affirmation de la nécessité de discussion avec le M23 afin de signer un accord. Cela laisse augurer une évolution vers gestion régionale de cette reddition tendancielle des groupes armés.

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