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Lutte contre Boko Haram : le Nigeria patine alors que l’opération n’a pas commencé

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Quelques semaines après l’annonce par l’Union Africaine de la création d’une force commune de 7500 hommes pour lutter contre Boko Haram, la situation a encore empiré au Nigeria où le président Goodluck Jonathan en pleine campagne échoue déjà face à l’organisation terroriste. Pourquoi la lutte est-elle aussi difficile et comment les acteurs régionaux s’organisent-ils en pratique ?

Contesté jusque dans son propre parti par l'ancien président Olusegun Obasanjo, Goodluck Jonathan doit espérer un miracle pour être réélu le 28 mars prochain et se débarrasser de Boko Haram.
Contesté jusque dans son propre parti par l’ancien président Olusegun Obasanjo, Goodluck Jonathan doit espérer un miracle pour être réélu le 28 mars prochain et se débarrasser de Boko Haram.

Cette fois-ci Boko Haram n’a pas visé de villages : ils ont attaqué Gombe, capitale de l’Etat éponyme du Nord-Est du Nigeria, à grand renfort de tirs et ont distribué des tracts appelant expressément les habitants à ne pas aller voter. Dans un Nord très difficilement contrôlé par le gouvernement, Boko Haram s’organise et frappe à loisir et ce n’est pas une armée corrompue et notoirement inefficace qui l’empêche de nuire. Les seuls acteurs à prendre le problème au sérieux sont les pays limitrophes et riverains du lac Tchad : Le Tchad, le Niger et le Cameroun. Avec le Bénin, ils ont construit une force de 8700 hommes pour répondre aux attaques de plus en plus fréquentes de Boko Haram sur leur territoire.

Le Tchad, possédant l’armée la plus aguerrie au combat, a lancé des attaques contre la secte en territoire nigérian le 3 février. Les terroristes ont riposté sur la rive tchadienne du lac avec une attaque par bateau le 13 février et ont été repoussés. Ils ont aussi tenté deux incursions les 6 et 8 févriers derniers au Niger sans succès. Les forces coalisées comptent bien en découdre mais elles restent dans la situation difficile d’une intervention sur un territoire étranger au beau milieu de populations civiles : une attaque frontale risquerait beaucoup plus de leur aliéner le soutien crucial de la population locale qui aspire simplement à la paix et à ce que chaque belligérant cesse de s’en prendre à elle : terroristes et forces armées diverses lui faisant systématiquement payer un lourd tribu.

Alors qu’il avait de son côté promis une riposte forte et rapide, Goodluck Jonathan semble dépassé et a exigé une aide des Etats-Unis.

Il est plus que certain, au vu de la demande et de la manière dont elle est formulée, que les Etats-Unis n’enverront personne sur le terrain. Au mieux le Nigeria peut attendre un soutient de renseignement et de logistique. La cohabitation en cours au sommet du pouvoir américain devrait quasiment paralyser l’exécutif jusqu’à 2016 au moins, sauf cas d’extrême urgence.

Au final les meilleurs alliés du Nigéria sont ses voisins proches. Cette situation est inédite car si les puissances voisines ont généralement été sources de problème en Afrique depuis l’indépendance elles sont ici le meilleur sinon le seul espoir de voir la situation s’améliorer. Il faut néanmoins garder à l’œil Daesh et sa montée en puissance en Libye. L’organisation pourrait profiter de cette tête de pont pour lancer des attaques contre le Tchad et le Niger depuis le Nord, voire dans certains cas, faire la jonction avec Boko Haram et leur apporter de l’équipement lourd. Les attaques de la secte terroriste prendraient alors une toute autre ampleur.

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