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Al-Qaïda : retour sur 30 ans de djihadisme transnational (1/2)

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Historiquement la première organisation à véhiculer l’idée d’un terrorisme transnational, Al-Qaïda, fondée à la fin des années 1980 a connu son apogée avec les attentats du 11 septembre 2001. Depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003, le mouvement semblait s’épuiser, à la faveur d’autres mouvances terroristes comme l’État islamique. Mais les récents attentats de Bamako et Ouagadougou, revendiqués par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) attestent de la capacité d’Al-Qaïda à vouloir mener de nouvelles actions d’envergure.

Oussama ben Laden (à gauche), le fondateur charismatique d’Al-Qaïda, aux côtés d’Ayman al-Zawahiri (actuel leader de l’organisation).

Al-Qaïda (« la base » en arabe) est officiellement cofondée en 1987 par Oussama ben Laden, un saoudien dont la famille est très proche de la famille royale et le chef religieux Abdallah Azzam, théoricien renommé du djihad moderne. En réalité, l’organisation existe officieusement depuis bientôt dix ans : en 1980, le prince saoudien Turki Al Fayçal, chef des services de renseignement saoudiens, approche ben Laden pour le convier à organiser la venue et la formation militaire des combattants contre l’invasion soviétique en Afghanistan qui a débuté quelques mois plus tôt. Oussama ben Laden montrera de grandes aptitudes à la gestion d’unités et ira jusqu’à se considérer (à tort) comme l’un des principaux protagonistes de la défaite soviétique. Ben Laden considère l’invasion soviétique en Afghanistan comme la preuve d’un échec du panarabisme à assurer la protection des peuples du Moyen-Orient face aux envahisseurs occidentaux ou soviétique. Profitant de l’écho récent de la révolution islamique iranienne de 1979, Al-Qaïda en Afghanistan apparaît alors comme le centre névralgique d’un nouveau fédéralisme au Moyen-Orient, basé sur la lecture rigoriste des textes sacrés et la formation des mujahidins (les combattants engagés dans le djihad). A la fin des années 1980, Al-Qaïda peine néanmoins à s’imposer dans l’Afghanistan des talibans, où des dizaines d’organisations concurrentes se livrent des guerres tribales, à défaut de trouver un terrain d’entente idéologique.

De la Guerre du Golfe au 11 septembre 2001:

La rupture diplomatique entre Oussama ben Laden et son pays natal l’Arabie saoudite est consumée au cours de la Guerre du Golfe, lorsque les Saoudiens  préféreront faire appel aux Américains plutôt qu’aux milices de ben Laden pour protéger le royaume de l’armée irakienne. Le prédicateur restera néanmoins très proche de certains membres de la famille royale, à l’époque gangrenée par différents troubles internes. S’ensuit pour ben Laden une longue période d’exil au cours de laquelle il formulera ses idéologies phares de lutte contre les régimes « impies » aux premiers rangs desquels se trouvent l’Arabie saoudite (qualifiés de traîtres soumis aux Américains), les Etats-Unis et Israël. En 1996 puis 1998, ben Laden publie deux fatwas (« décision/proclamation » en arabe), à l’encontre des Etats-Unis puis d’Israël et des peuples croisés, qui feront office de référence idéologique pour l’organisation.

C’est sur la base de ces textes que les attentats à l’encontre du World Trade Center de 1993, des tours de Khobar en 1996, des ambassades américaines de Nairobi et Dar el-Salam en 1998 et d’un navire américain dans le golfe d’Aden en 2000 vont transformer l’organisation en un projet à visée internationaliste, résolu à libérer les peuples musulmans asservis par les envahisseurs occidentaux. Avec  le 11 septembre 2001, Al-Qaïda connaîtra son apogée. L’organisation se développe alors dans plusieurs régions du monde et notamment en Afrique du Nord et dans la péninsule arabique (Arabie saoudite et Yémen), deux branches qui deviendront les filiales les plus actives d’Al-Qaïda au cours des années 2000. Alors qu’AQPA (Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique) sert de base logistique au Yémen, AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), issue du GSPC (Groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat), regroupe à la fois des anciens du GIA algérien, des Touaregs, des Bambaras maliens et des combattants étrangers. Si la zone d’activité d’AQMI est historiquement très vaste (du fait de ses racines hétéroclites), sa zone d’action est aujourd’hui essentiellement sahélienne.

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