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Une semaine électorale en Afrique, entre rupture et continuité

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L'année 2016 sera celle des urnes en Afrique avec pas moins de 16 élections présidentielles prévues sur le continent.
L’année 2016 sera celle des urnes en Afrique avec pas moins de 16 élections présidentielles prévues sur le continent.

37 ans. C’est le temps qu’est censé passer au minimum Denis Sassou Nguesso à gouverner la République du Congo-Brazaville. Réélu dès le premier tour pour un nouveau mandat de 5 ans le 23 mars dernier avec plus de 60% des voix, le Président, âgé de 72 ans, est au cœur d’un mouvement contestataire qu’ont encouragé les modalités de déroulement du suffrage. A contrario, au Bénin, petit Etat de 10 millions d’habitants frontalier au Nigéria, le chef de l’Etat sortant Thomas Boni Yayi, a du affronter une défaite à travers l’échec de son candidat et Premier ministre Lionel Zinsou, au terme d’une campagne qui aura consacré Patrice Talon, son plus éminent adversaire, à la tête du pays. Entre renouvellement (sans renouveau ?) et changement (en trompe l’œil ?), point sur les perspectives politiques de ces deux Etats. 

Au Congo, une réélection à la légalité contestée

Quatre candidats à la présidence ont notamment appelé le peuple à protester contre ces élections, de manière légale et pacifique. Une partie de la communauté internationale, et notamment l’Union européenne et les Etats-Unis, a également soulevé les irrégularités apparentes qui ont marqué le scrutin, appelant les instances politiques nationales au respect de la « liberté d’expression » des citoyens congolais. Ces déclarations font notamment suite à l’agression d’un journaliste du quotidien français Le Monde, et de deux envoyés spéciaux de l’AFP le 23 mars dernier après leur rencontre avec l’un des candidats favoris, le Général Mokoko. Alors en pleine campagne de désobéissance civile, le Général Mokoko, arrivé 3ème lors de l’élection, a vu son coordinateur de campagne arrêté le 25 mars, accusé d’être « à l’origine d’un mouvement insurrectionnel ».

Si la situation économique du pays semble s’améliorer depuis 2007, sa stabilité politique et sociale reste fragile, et l’arrestation de figures politiques fortes risque d’encourager l’émergence d’un réel mouvement contestataire, ou, au contraire, d’étouffer les espoirs du peuple congolais d’un renouveau politique.

Au Bénin, des électeurs en quête de rupture

Soupçonné de tentative d’empoisonnement à l’encontre du Président sortant, Patrice Talon, récemment élu à la tête du pays, répond à la volonté du peuple béninois de mettre un terme aux divers scandales et à la corruption qui ont marqué les deux mandats du Président déchu, Thomas Bonu Yayi. Avec plusieurs poursuites judiciaires à son actif, il ne semble pourtant pas être le candidat idéal. Son programme, orienté vers la consécration de plus de démocratie, avec notamment la volonté de mettre en place un mandat présidentiel unique de 7 ans, et la mise en avant de l’agriculture locale, reste très vague quant à la mise en place de perspectives économiques à grande échelle. Face à lui, Lionel Zinsou, souvent qualifié de promoteur de la Françafrique pour ses liens affichés avec la France, n’a su répondre à la volonté du pays de réaffirmer son indépendance.

2016, une année décisive pour le continent ?

La question de la longévité des Présidents au pouvoir est une problématique récurrente sur le continent. En février dernier, au Niger, le Président sortant Mahamadou Issoufou a été reconduit et a obtenu plus de 48% des suffrages face à l’ancien Premier ministre Hama Amadou, qui a fait campagne depuis une prison. Autre rendez-vous qui ne devrait pas créer la surprise, les élections présidentielles prévues au Tchad, censées reconduire à la tête du pays Idriss Déby. Cette année pas moins de 16 scrutins présidentiels devraient être organisés sur le continent (Zambie, Cap Vert, Ghana, Djibouti, RDC, République centrafricaine etc). L’occasion pour l’Afrique de s’offrir un vent de changement ?

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