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Le monde devient-il multipolaire sur le plan géostratégique ?

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Durant toute la guerre froide, on a considéré que le monde était bipolaire, les blocs capitaliste et communiste s’affrontant l’un l’autre dans un contexte d’équilibre de la terreur. Au début des années 1990, la chute du bloc soviétique provoque l’émergence d’un monde unipolaire, dominé par ce qu’Hubert Védrine appelle alors l’« hyperpuissance américaine ».

Pourtant, depuis vingt ans, le monde a changé. Si la supériorité américaine est indéniable sur les plans technologiques et militaires, beaucoup de territoires échappent à leur contrôle. En effet, nombreuses sont désormais les puissances régionales capables d’opposer une résistance locale aux Etats-Unis et de rester maître de l’intégrité de leur territoire. Pour autant, aucun Etat n’a une armée suffisante pour pouvoir concurrencer le GI américains. L’ONU, elle-même, semble incapable d’empêcher les Etats-Unis d’intervenir à l’étranger, où qu’ils le souhaitent. Néanmoins, les Américains semblent éprouver de plus en plus de difficultés, notamment économiques, à maintenir leur présence sur différents fronts, en témoignent les retraits décidés par B. Obama.

S’il est vrai que les Etats-Unis ne peuvent pas intervenir partout à la surface du globe, c’est que plusieurs pays sont désormais capables de s’assurer un espace de sécurité, par exemple grâce à la dissuasion que peut représenter la force de frappe atomique. Citons par exemple l’Inde ou le Pakistan. Mais n’oublions pas également le rôle du jeu des alliances : s’il empêche les Américains d’intervenir dans des pays alliés par obligation stratégique, c’est aussi le cas pour des pays proches d’Etats capables de les défendre. Le soutien de la Chine à la Corée du Nord peut par exemple expliquer que les Américains n’interviennent pas dans ce pays, alors qu’ils ont pu le faire en Irak, aucun pays n’ayant eu l’ambition de défendre militairement le régime de Saddam Hussein.

La Chine, justement, serait-elle le futur rival des Etats-Unis, si tant est qu’elle ne le soit pas déjà ? Elle possède, en effet, à la fois les attributs de la puissance, mais aussi les divergences idéologiques permettant l’aboutissement d’un nouveau monde bipolaire. Certes, des nations comme la Russie ne reconnaitrait pas une telle situation, la Chine remplaçant l’URSS en tant que rival américain. Et des puissances, même secondaire, comme les nations européennes auraient toujours une certaine influence sur l’échiquier mondial. Pourtant, il n’est pas inintelligent d’imaginer un monde à nouveau bipolaire, où Américains et Chinois souffleraient le froid et le chaud sur les relations internationales.

Au final, les relations interétatiques sont nombreuses et difficiles à cerner. Les incompréhensions et sources de tension sont également multiples et la lecture de ce que sera le monde dans quelques années est tout sauf aisée. C’est ce qui rend si indispensable l’analyse de l’actualité internationale et de toutes ses composantes, afin de comprendre au mieux les enjeux à venir…

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