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Désir d’expansionnisme : le plan de Vladimir Poutine en Syrie

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À travers l’intervention militaire russe, Vladimir Poutine a renforcé son emprise sur la région. La guerre n’est pas encore terminée, mais l’accent est de plus en plus mis sur un futur règlement politique. La Russie ne sera pas en mesure d’imposer ce règlement à elle seule, ni même avec ses alliés, l’Iran et la Turquie. Cependant, elle sera autant impliquée dans la paix syrienne qu’elle l’a été dans la guerre syrienne.

Vladimir Poutine. Dessin.

La Russie souhaitait se réaffirmer en tant qu’acteur de la scène internationale et acteur régional en renforçant sa présence en Méditerranée avec ses forces navales basées à Lattaquié. Avoir un contrôle en Syrie permet en outre de contrôler les axes du pouvoir dans une zone politique et économique majeure dans laquelle sont situées des ressources naturelles opulentes. Le conflit syrien est plus qu’un simple jeu d’influence, c’est une formidable opportunité pour la Russie de se réinsérer stratégiquement dans la hiérarchie internationale, de redéfinir une sorte de nouvel ordre mondial et de faire preuve de leadership dans le bourbier qu’est le Moyen-Orient.  La Russie a insisté sur l’unité territoriale et la souveraineté de la Syrie. Cependant, elle n’est pas la seule puissance extérieure présente en Syrie.

La Russie joue l’équilibriste entre l’Iran et Israël

Alors que Moscou soutient le régime de Bachar al-Assad à travers son appui aérien, l’Iran et ses milices alliées se battent sur le terrain. Après la guerre, Téhéran est dans la perspective de vouloir institutionnaliser sa présence sur le sol syrien, à la fois pour influencer l’avenir de ce pays et pour maintenir un lien physique avec son principal allié régional, le Hezbollah.

La Russie comprend les intérêts de l’Iran sans les partager, mais elle comprend aussi ceux d’Israël et cherche à trouver un équilibre entre les deux. Moscou fait preuve d’attention vis-à-vis des préoccupations sécuritaires d’Israël concernant la présence de groupes iraniens chiites armés près de sa frontière. Malgré tout, il n’est pas possible d’ignorer l’Iran, puissance régionale et alliée offrant également des opportunités dans un certain nombre de domaines, allant de la vente d’armes à l’énergie nucléaire. Ainsi, en Syrie, la Russie cherchera à négocier un compromis entre l’Iran et Israël sur la base des intérêts légitimes de chacun. Les alliés chiites iraniens situés dans le sud-ouest de la Syrie pourraient rester dans le pays mais devraient garder leurs distances avec l’Etat hébreu. C’est la perspective affichée par Moscou en mai 2018 ayant pour but d’éviter une nouvelle escalade.

Les présidents russe, turc et iranien réunis à Sotchi le 22 novembre 2017 pour un sommet consacré à la crise syrienne. AFP

Cependant, la Russie semble avant tout déterminée à poursuivre dans cette même zone l’accord de désescalade conclu en juillet 2017 avec les Etats-Unis. L’interaction des russes avec les Américains en Syrie est largement axée sur la désescalade militaire. Moscou et Washington ont coopéré ensemble, mais la coordination diplomatique du Kremlin avec la Maison Blanche est beaucoup moins intense sous l’administration du président Donald Trump que sous son prédécesseur, Barack Obama.

Dû à un intérêt décroissant du côté russe et à un manque d’engagement du côté américain, Moscou a décidé de faire équipe avec les Turcs et les Iraniens.  La Russie a confirmé son statut de puissance indispensable dans la résolution du conflit et a brisé son isolement international qu’elle traînait depuis les années 90.

 

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