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La Syrie, vitrine du potentiel industriel de défense russe.

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En quelques années, et grâce à des investissements massifs, la Russie a surpris par sa capacité d’adaptation et de production de matériels militaires de très haute technologie. La Syrie est devenue un théâtre vitrine du savoir faire russe. De quoi intéresser de nombreux pays acheteurs mais également susciter la crainte sur la scène internationale.

La Syrie comme vitrine de l'effort de défense russe
Le conflit syrien, lieu de test pour l’aviation russe

La Syrie, un théâtre de tests opérationnels

Le conflit syrien a, par exemple, permis les tests opérationnels de différents robots de combats téléopérés. C’est le cas pour le Platforma-M et l’Argo depuis 2016. Ces deux robots armés pour le combat permettraient des engagements en zones urbaines sans exposer inutilement les troupes assaillantes.

La modularité des équipements disponibles pour ces robots permet de s’adapter à de multiples situations. Cela explique que les différents sites proches de la Russie comme Sputnik annoncent également le développement de robot de contre-minage, ou sous-marins. Devant le succès d’utilisation des premières gammes de robots russes, la célèbre entreprise Kalachnikov développe également le sien depuis 2015: le Volk-2.

De matériels de toute nouvelle génération extrêmement performants

La protection antiaérienne russe est également un véritable domaine d’expertise qui a pu dévoiler son potentiel en Syrie. Le S-400 est actuellement d’une technologie inégalée et limite l’ampleur de tout bombardement au-dessus de zones protégées par l’armée. La Russie a donc actuellement le pouvoir de bloquer une partie de l’espace aérien syrien à l’OTAN. Israël en fait également les frais depuis 2015 et ne peut survoler l’espace aérien sous contrôle russe qu’avec leur assentiment. Le S-500, actuellement en conception, serait même, en l’état, indestructible du ciel et capable de détruire des missiles hypersoniques dans un rayon de 600 kilomètres. Ce nouveau matériel change donc totalement les doctrines de bombardement aériens.

Les forces aériennes russes ont pu, de plus, tester le Sukhoï Su-57, avion de chasse de 5egénération à même de concurrencer le F-22 américain Cependant, ces nouveaux avions furtifs n’étaient qu’à un stade de prototype.

La marine russe bénéficie également de nouveaux sous-marins depuis 2014 et a la possibilité de lancer de nouveaux missiles de croisières de catégories Kaliber en Syrie depuis la mer Caspienne. En conséquence, la distance de 1500 km n’est plus un problème technique pour un lancement de missile.

Enfin, à défaut de pouvoir posséder un budget similaire aux États-Unis, la Russie a opté pour une spécialité tout aussi efficace que les batteries anti-aériennes : la guerre électronique. Les Américains ont ainsi fait les frais de coupures de communication sur le théâtre syrien, empêchant des frappes aériennes et bloquant les communications avec leurs alliés de l’opposition. De quoi susciter des inquiétudes et une adaptation de l’entraînement américain au combat.

Des succès technologiques qui suscitent craintes et envies

Les succès industriels d’armement russe et leur expérimentation sur le théâtre syrien encouragent leur exportation. Erdogan a  même annoncé, en début 2019, vouloir acquérir des S400 russes, de quoi susciter la polémique au sein de l’OTAN et démontrer l’attractivité croissante de la Russie auprès de son voisin. Le pays vend également des armes à la République Centrafricaine, renouant ainsi avec une vieille tradition de soutien aux pays africains.

Dans un contexte de réarmement mondial, la Russie se replace au premier plan des exportations d’armes. La Syrie est devenue une véritable vitrine de son savoir-faire, ce qui ajoute une dose de cynisme à la tragédie humaine qui s’y déroule depuis 2011. Les dividendes de la paix semblent bien loin.

Sources :

-« Achat d’équipements militaires russes: Erdogan persiste et signe », Le Figaro, mars 2019

-« Budget, équipements, compétences: que vaut l’armée russe? », Challenges, décembre 2016

-« Système S-500: le nouveau missile détruira des cibles à 100 kilomètres d’altitude », russiabeyond.com , avril 2017

-« DGSE, Espions, Secrets des Affaires, Crises mondiales, interview d’Alain Juillet », Thinkerview, avril 2018

– « Platform-M, le robot combattant », Chaire de Saint-Cyr, décembre 2015

-« Syrie, la surprise russe pour les USA », parstoday.com, aout 2018

-« Robots armés autonomes et IA : les 825 millions de coupes budgétaires auraient pu, auraient dû, s’y investir intelligemment » , La Synthèse online, aout 2017

– « Russia’s Platform-M combat robot on display in Sevastopol », Russia Today, juillet 2015

-« Were Russian Combat Robots Used in Syria ? », Bellingat.com, janvier 2016

-« La Russie a testé ses avions de chasse dernier cri Su-57 au combat en Syrie », Russia Today, mars 2018

-« L’avion de combat russe de la 5e génération Soukhoï Su-57 testé en Syrie »,Intellivoire.net, novembre 2018

– « Plus performants et dotés de missiles Kalibr, les nouveaux sous-marins russes préoccupent l’Otan », Opex360.com, octobre 2018

– « La Russie a lancé 26 missiles de croisière à partir de la mer Caspienne sur des cibles de l’EI », Réseau International, octobre 2015

-« La guerre en Syrie exhibe les armes russes et encourage leurs ventes », Memri, janvier 2016

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Harold MICHOUD

Harold Michoud est étudiant de Grenoble Ecole de Management et effectue une poursuite d'étude en géopolitique au sein de l'IRIS SUP'.

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