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En Guinée, victoire de l’opposant Alpha Condé aux élections présidentielles

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Les résultats provisoires ont enfin été annoncés hier lundi 15 Novembre par le président de la Commission électorale nationale indépendante : Alpha Condé remporte les élections présidentielles de Guinée-Conakry avec 52,52% (avec un taux de participation relativement élevé de 67% d’après des observateurs indépendants) des voix face à l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, ce qui met fin à un processus électoral entamé le 27 juin dernier, date du scrutin pour le 1er tour. Ce résultat n’a pas pourtant été sans accroc ; les deux candidats présents au second tour avaient en effet chacun affirmé leur victoire quelques jours plus tôt. L’annonce des résultats a d’ailleurs été suivie de coups de feu à Conakry, la capitale guinéenne. La France, qui comme à son habitude et pour des raisons d’intérêts politiques évidents s’était refusée à se positionner clairement en faveur de l’un ou de l’autre des candidats, préférant encourager habilement la réussite d’un processus électoral démocratique dans un pays souffrant encore des séquelles de la dictature et de l’autoritarisme, en appelle aujourd’hui au calme. Rappelons que le second tour de la campagne avait été marqué par des violences politico-ethniques, M. Diallo étant d’ethnie peule et M. Condé d’ethnie malinké ; même si l’on sait la difficulté d’une telle catégorisation. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU demande aux Guinéens d’accepter ce résultat et à la communauté internationale d’ « apporter un soutien concret à la Guinée alors que le pays s’embarque dans une nouvelle phase vers la consolidation de la paix et du développement ».

Il est vrai que le futur président guinéen Alpha Condé suscite de grands espoirs pour son pays. Arrivé en 2ème position après le 1er tour avec 18% des voix (43% pour M. Diallo), il a su tirer son épingle du jeu en faisant le jeu des alliances et grâce à l’importance du vote ethnique en Guinée. Intellectuel de 72 ans ayant fait ses études en France, Alpha Condé fait figure d’opposant historique au régime guinéen : condamné à mort par Sekou Touré, exilé pendant plus de 30 ans puis emprisonné sous le régime du caporal autoritaire Lansana Conté jusqu’en 2001… Après la mort de Conté et la prise du pouvoir par une junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, fin 2008, Alpha Condé réclame des élections et reste dans l’opposition. Fort d’un certain charisme et d’un sens de la formule capable d’enthousiasmer son auditoire, M. Condé prend pour modèle Nelson Mandela ; il affirme vouloir faire comme lui, « pardonner mais ne pas oublier ». Quoi qu’il en soit, la sensation de vivre un moment clé est vive à Conakry, encore traumatisée par le massacre du 28 septembre 2009 où des militaires avaient tué 156 opposants et violé des femmes au cours d’un rassemblement politique dans un stade. Le défi est donc de taille pour Alpha Condé qui devra à la fois consolider et réaffirmer une démocratie encore fragile, mais aussi engager la Guinée sur la voie du développement car en dépit de ses ressources minières considérables, le pays a récemment reculé au 170ème rang sur 182 de l’Indice du développement humain de l’ONU…

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