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La Côte d’Ivoire, théâtre d’un espoir déçu

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Cette semaine de novembre restera dans les mémoires ivoiriennes pour quelques temps sans doutes. Nombreux étaient ceux qui voyaient dans le scrutin présidentiel ivoirien un premier pas vers une sortie de crise pour le pays. Il faut bien reconnaître que la manipulation politique assez grossière dont viennent d’être l’objet ces élections ne leur donne malheureusement pas raison. Après quelques jours passés dans une confusion entretenue volontairement par le clan Gbagbo, et rythmés à coups d’insultes et de campagnes d’intimidation, le Conseil constitutionnel ivoirien, constitué de proches du président sortant, a finalement reconduit ce dernier et proclamé son élection par 51,45% des voix, contre 48,55 pour son challenger Alassane Ouattara, et cela après avoir annulé les votes de sept cantons du nord du pays favorables au candidat de l’opposition. Les moyens mis en oeuvre par les partisans de Laurent Gbagbo ne manquent pas de provoquer le scandale, tant la contradiction avec les chiffres annoncés jeudi par la Commission électorale indépendante (CEI) est flagrante. Celle-ci proclamait Ouattara très largement vainqueur avec plus de 54% des voix.

Les origines de la crise ivoirienne remontent à la mort en 1993 du Président Houphouët-Boigny, resté au pouvoir depuis 1960. Celui-ci était parvenu à créer une cohésion nationale en réunissant à ses côtés des membres originaires des différentes groupes ethniques constituant le pays. Son erreur fut de laisser à la Côte-d’Ivoire deux héritiers trop dissemblables pour qu’ils puissent trouver un terrain d’entente : un catholique originaire du sud du pays, Henri Konan Bédié, et un musulman du Nord, Alassane Ouattara. Le premier, pour écarter celui qui était devenu le principal obstacle à son accession au pouvoir, mis au point la notion « d’ivoirité », et instaura des critères auxquels Ouattara, originaire de Haute Volta – ancêtre du Burkina Faso – ne répondait pas. Il attisa ainsi les braises de cette coupure ethnique entre peuples du Sahel et des régions côtières qui traverse toute l’Afrique occidentale et fit plonger la Côte d’Ivoire dans la guerre civile que nous connaissons.

Cependant l’espoir était de retour depuis 2007 et la signature des Accords de Ouagadougou, qui permirent l’accession au poste de premier ministre du nordiste Guillaume Soro. Les élections présidentielles multipartites de novembre étaient l’occasion de confirmer la nouvelle trajectoire entamée par le pays. Au lieu de cela nous en sommes réduits à espérer que la situation ne dégénère pas une nouvelle fois. Laurent Gbagbo, qui doit maintenant faire face à toute la communauté internationale, finira sans doute par céder aux injonctions qui lui sont portées. Mais combien de vies supplémentaires cela coûtera-t-il à la Côte d’Ivoire ? Déjà des affrontements ont éclatés dans la capitale, Abidjan, une ville dans laquelle cohabitent les différentes ethnies du pays.

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