La question ouïgours force l’Union européenne à prendre des sanctions contre la Chine
Pour la première fois depuis l’embargo sur les armes décrété après le « massacre de la place Tian’amen » (en 1989), l’Union européenne (UE) décide d’adopter à nouveau des sanctions contre la République populaire de Chine. En effet, la persécution et la répression chinoise de la population ouïgours préoccupe Bruxelles.
L’Union européenne impose des sanctions à la Chine au sujet des Ouïgours
Les sanctions européennes, prises lundi 22 mars 2021 à l’encontre de quatre dirigeants chinois, ont été catégoriques : l’interdiction de leurs visas et le gel complet de leurs avoirs. Elles visent le directeur du Bureau de la sécurité publique du Xinjiang (Chen Mingguo), l’ancien responsable de cette région (Zhu Hailun) ainsi que deux hauts dignitaires de l’État chinois (Wang Mingshan, Wang Junzheng).
Ils sont accusés de « détentions arbitraires et traitements dégradants infligés aux Ouïgours […], ainsi que d’atteintes systématiques à leur liberté religieuse ». Pour Bruxelles, les agissements chinois envers cette minorité constituent une véritable atteinte aux Droits de l’Homme. Pour rappel, on estime que plus d’un million d’entre eux sont détenus dans des camps avec d’autres minorités (majoritairement musulmanes). Dans ces camps, le gouvernement chinois est accusé du pire : travaux forcés et mutilations, comme la stérilisation forcée des femmes.
La Chine riposte au nom de cette ingérence déplacée au sein de ses affaires internes
Sans surprise, la réponse du gouvernement chinois ne s’est pas faite attendre. En effet, la Chine a en horreur les ingérences de l’Occident venant contester et affaiblir sa souveraineté. Le gouvernement chinois a d’abord appelé l’UE à « corriger son erreur ». Le ministère chinois des Affaires étrangères affirme que « cette décision [de L’UE], qui ne repose sur rien d’autre que des mensonges et de la désinformation, ignore et déforme les faits ». Il réfute toutes violations des Droits de l’Homme et explique que les camps de travail apportent une formation professionnelle aux populations ouïgours. Ils permettraient aussi de lutter contre l’extrémisme religieux et le terrorisme islamiste.
Néanmoins, la Chine a aussi choisi de riposter. Elle a décrété, le jour-même, des sanctions contre dix personnalités de l’UE (dont cinq députés européens) et quatre fondations européennes. Pékin leur interdit l’accès au pays et leur retire également la permission d’y faire des affaires.
Ces sanctions ne résulteraient-elle pas de confrontations générales entre l’ « Occident » et l’« Orient » ?
D’autres pays occidentaux comme le Royaume-Uni et le Canada ont appuyé la sanction de l’UE envers la Chine. Les États-Unis, eux, ont pris des mesures contre deux des quatre responsables chinois identifiés par les Européens. De plus, les tensions entre les États-Unis et la Russie se sont détériorées. En effet, le 17 mars, Joe Biden a qualifié son homologue Vladimir Poutine de « tueur ».
De l’autre côté, le groupe des BRICS unie la Chine et la Russie ainsi que leur rejet de l’ingérence et des sanctions moralisatrices du camp occidental à leurs égards. Pour manifester leurs mécontentements, ces puissances opposent régulièrement leur droit de véto au Conseil de sécurité de l’ONU à des résolutions des membres occidentaux. Par exemple, en décembre dernier, elles ont bloqué la prolongation de l’aide humanitaire en Syrie.
Cependant, en décembre dernier, l’UE et la Chine ont signé un accord commercial procurant aux entreprises européennes un meilleur accès au marché chinois. Même si plusieurs parlementaires européens menacent désormais de ne plus le ratifier, cet accord souligne encore une fois l’interdépendance des économies mondiales. Pour que celles-ci soient prospères et propices au développement, les pays ont davantage intérêt à préserver une bonne entente générale. Cette raison devrait alors être encore assez forte pour calmer les tensions entre les deux camps.