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Guerre en Ukraine : un modèle pour assoir des intérêts nationaux ? (Partie 2)

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Parmi les nombreux points abordés lors de son discours au Parlement européen, le Président français Emmanuel Macron a mentionné « un retour de la guerre » sur le continent européen, en janvier dernier. Le Président a rappelé que trente ans auparavant « des principes et des règles » rejetant « le recours à la force, à la menace et à la coercition » avaient été établis avec le géant russe. Il a affirmé qu’un « nouvel ordre de stabilité et de sécurité européen » fort serait nécessaire pour obliger la Russie à tenir ses engagements. Il n’avait malheureusement pas tort de se méfier : dans la nuit du 23 au 24 février, Poutine a envahi l’Ukraine.

La Russie déclenche ainsi une guerre aux portes de l’Europe, secouant le monde entier. En cette situation, il serait alors légitime de se demander si la guerre en Ukraine sera un inhibiteur de futurs conflits armés, ou encouragera d’autres pays à provoquer des conflits dans le but de faire valoir leurs prétentions nationales.

Dans cette deuxième partie, nous allons souligner que ce conflit risque d’inciter d’autres pays à appliquer leurs volontés expansionnistes. En effet, ce ne serait pas la première fois que la Russie annexe un territoire sans véritables représailles (guerre de Crimée en 2014). 

La mondialisation agit en la faveur de certains oppresseurs 

Avec le développement des échanges, le monde tend à être un village global depuis les années 90. En effet, le phénomène de mondialisation a permis l’accroissement des richesses et la réduction des inégalités, mais a aussi provoqué une interdépendance économique entre les États-Nations. Cette forte interdépendance se révèle être au centre des stratégies d’influence. Accords commerciaux et accès ressources peuvent se changer en de véritables armes diplomatiques.

L'extrême dépendance européenne aux hydrocarbures russes.
L’extrême dépendance européenne aux hydrocarbures russes.

Étant un pays particulièrement doté en énergies fossiles, la Russie a un avantage considérable. Le pays est le premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel et le premier producteur mondial de pétrole. À l’échelle régionale, l’UE est extrêmement dépendante des hydrocarbures russes : environ 50 % du gaz et 25 % du pétrole importés. Même si l’Occident a mis en place de sévères sanctions économiques contre la Russie, Moscou aurait un gros moyen de pression : couper le robinet des hydrocarbures à destination de l’Europe.

Face à un potentiel blocus énergétique de l’UE, Poutine a d’ailleurs déclaré qu’il exigerait dès début avril le paiement du gaz russe. Le géant russe aurait un fort moyen de pression sur les pays sanctionnant ses agissements impérialistes. À l’image de la Russie, d’autres États ayant les mêmes leviers de persuasion pourraient ainsi déclencher des conflits armés sans en être véritablement inquiétés. C’est le cas e la Chine qui est la première puissance économique mondiale et un acteur incontournable du commerce mondial.

La communauté internationale condamne sans pouvoir sanctionner 

La Banque mondiale a annoncé, début mars, la suspension des programmes d’aide en Russie et en Biélorussie. L’ONU, elle, condamne à une écrasante majorité les agissements de la Russie sans pour autant sanctionner. Dans la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité peut prendre des mesures pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Le Conseil a déjà mis en place des régimes de sanctions, comme en Irak ou au Rwanda par exemple. Ces mesures coercitives n’impliquent pas l’usage de la force. Néanmoins les Nations Unis peuvent décider d’envoyer les « casques bleus » se battre ou protéger la population.

Dans le cas de la guerre en Ukraine, la paix et la diplomatie ne sont plus vraiment d’actualité. La sécurité internationale semble ébranlée avec la menace d’une guerre nucléaire. Cependant, la Russie reste un membre à part entière du Conseil de sécurité et peut opposer son veto à toutes sanctions annoncées.

De plus, l’OTAN n’interviendra pas en Ukraine car l’alliance est en faveur d’une résolution diplomatique de ce conflit. Elle a ajouté que si elle « s’implique dans cette guerre, cela ne ferait qu’entraîner davantage de dégâts ». Même si les pays ont mis en place un certain nombre de sanctions économiques, aucune coalition militaire n’est prévue à ce jour pour renforcer les rangs ukrainiens.

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Daïanée TISSERAND

est étudiante à Kedge BS, après deux années de classe préparatoire ECS.

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