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Marine Le Pen : la souveraineté contre un monde hostile

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C’est donc la troisième fois que Marine Le Pen va tenter de conquérir l’Elysée. Si la politique étrangère du Front National a changé depuis l’arrivée au pouvoir de la fille à la place du père, elle suit encore certains grands principes sur lesquels s’appuie Marine Le Pen pour tenter de conquérir le pouvoir. Les thèmes de souveraineté et de défense face à l’agresseur sont omniprésents mais Marine Le Pen a dû, par soucis de dédiabolisation, changer certaines vieilles politiques du front pour en faire la force politique majeure qu’il est devenu aujourd’hui.

La politique étrangère de Marine Le Pen : la souveraineté contre un monde hostile
La politique étrangère de Marine Le Pen : la souveraineté contre un monde hostile

Les fondamentaux du Front sont, en premier lieu, que la politique étrangère est au service de l’intérêt national. Il faut défendre la nation contre des ennemis : communistes, islamistes, mondialisation, crise… l’assaillant de toutes parts et permettre au pays de se défendre en assumant une souveraineté totale, pour avoir tous les moyens de riposter, et un outil militaire à la hauteur. Depuis 1972 les fondements idéologiques sont au nombre de trois et sont inchangés : I) La guerre est un horizon indépassable des relations entre Etats et la paix n’est donc que temporaire. Par corollaire, les tentatives de conciliation et de droit international pour établir la paix sont des impostures. II) Les nations sont les seules organisations souveraines et donc les instances supranationales et internationales comme l’UE, l’ONU, la CPI… sont illégitimes. Enfin III) Les rapports de force et l’histoire sont faits par les peuples qui suivent des déterminismes culturels et civilisationnels. Les explications par facteurs économiques, sociologiques et géographiques sont ineptes.

L’arrivée de Marine Le Pen a plus créé un changement qu’une révolution. Elle a déjà retiré toutes les parties ethnocentrées pour les remplacer par la nationalité. Elle a fait évoluer les positions du Front sur certaines questions pour mieux servir sa stratégie de dédiabolisation. Par exemple, le front national s’est montré plus proche d’Israël afin d’essayer de tourner la page de l’antisémitisme. Marine Le Pen s’appuie beaucoup plus sur l’actualité avec un recentrage sur l’islam et l’identité nationale. Ce thème de l’identité nationale a beaucoup plus été développé chez la fille que chez le père, qui se focalisait sur un nationalisme expansionniste civilisateur rappelant la colonisation.

La question de la souveraineté est donc centrale et cela se traduit par un refus de la supranationalité dans le traitement de questions européenne et de commerce mais aussi dans les questions de défense. C’est au sujet de l’Union européenne que les mesures les plus spectaculaires sont prises : referendum sur la sortie de l’Union, sortie de l’euro et rétablissement du franc, sortie de l’espace Schengen et rétablissement des frontières. Refus de la libéralisation du rail et de l’électricité, suppression de la directive « travailleurs détachés ». Le commerce suit la même logique de refus de supranationalité avec rupture des traités de libre-échange, barrières aux importations et aux investissements. Enfin une mise en valeur de l’espace maritime. L’outil de défense est privilégié avec un budget porté à 2% en 2018, qui sera inscrit comme budget planché dans la constitution, et 3% en 2022. Augmentation des effectifs de 50 000 hommes, rétablissement du service militaire et refus d’une défense européenne. Enfin, sur la cybersécurité, le FN propose de protéger les données personnelles et d’obliger le stockage des données sur des serveurs localisés en France.

La protection face à l’étranger se traduit essentiellement par des mesures anti-terroristes et de lutte contre l’islamisme et d’arrêt de l’immigration. Nous passerons les deux premiers points qui concernent l’intérieur. Sur l’immigration Marine Le Pen propose de la réduire à 10 000 personnes annuelles et d’empêcher la régularisation des illégaux ainsi qu’un partenariat avec l’Italie pour lutter contre les clandestins. Les expulsions seront simplifiées et automatisées et le regroupement familial arrêté. Le Pen propose de se concentrer sur des campements humanitaires dans les pays limitrophes aux pays en guerre et de n’accorder le droit d’asile que dans les ambassades et consulats français des pays d’origine ou limitrophes. L’acquisition de la nationalité par mariage est supprimée ainsi que la binationalité non européenne et le droit du sol.

La politique du FN envers les autres pays ou continents reste très limitée et s’inscrit dans les deux précédentes catégories : souveraineté ou immigration.  L’Afrique est vu comme un problème d’immigration qui doit être résolu avec un stratégie de codéveloppement. La Francophonie par contre y est vu comme un vecteur de puissance. En Asie, la France aura essentiellement un rôle d’intermédiaire. En Syrie, Marine Le Pen considère el-Assad comme une « solution viable » et « bien plus rassurante pour la France que l’État islamique ». Elle dit assumer son point de vue « binaire ». Sur la Russie, Le Pen pense qu’il faut normaliser les relations et lever les sanctions « injustes et inefficaces » car elle juge l’annexion de la Crimée légale. Elle a aussi qualifié la Russie « d’allié objectif contre le terrorisme ». Enfin au sujet des États-Unis après un premier espoir avec l’élection de Trump, Le Pen se dit « étonnée » que les États-Unis jouent les gendarmes du monde. Sinon l’atlantisme y est vu comme un danger avec l’arrêt du TTIP et le retrait du commandement intégré de l’OTAN.

Marine Le Pen propose donc un certain isolationnisme si l’on excepte sa main tendue vers la Francophonie. Une question se pose : à part l’Italie pour l’immigration et la Russie contre le terrorisme, quels alliés aurait la France ?

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