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Le FMI vient en aide à la Côte d’Ivoire

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La Côte d’Ivoire voit son rôle de leader économique prendre une importance renforcée au sein de la zone Union Economique et Monétaire Ouest-africaine (UEMOA) et de l’Afrique de l’Ouest en général, renforcée par la crise majeure qui frappe actuellement le Sénégal.

Un peu de contexte sur la Côte d’Ivoire

Dans la zone UEMOA tout particulièrement, la Côte d'Ivoire voit son influence grandir, ce qui conforte, aux yeux du FMI, son rôle prépondérant dans la zone et la nécessité de lui venir en aide.
La Côte d’Ivoire confirme sa place de leader africain.

La Côte d’Ivoire voit la croissance de son produit intérieur brut (PIB) performer à 6,7% en 2022 pour atteindre 72,7 milliards de dollars. Le pays d’Afrique de l’Ouest connaît cependant un ralentissement de son activité du fait de divers facteurs. Son poste de plus en plus stratégique dans l’économie régionale, couplé à une conjoncture économique dégradée, ont ainsi accéléré la signature d’un accord d’envergure entre les dirigeants ivoiriens et le Fonds Monétaire International (FMI) qui accorde à la Côte d’Ivoire une enveloppe de 3,5 milliards de dollars (initialement 2,6 milliards de dollars) sous la forme d’un prêt, dans le cadre du Plan National de Développement (PND) 2021-2025. Cela se fait dans le cadre d’un accord mixte Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC) / Facilité Élargie de Crédit (FEC).

Retour sur cet accord engagé par le FMI et ce qu’il signifie…

Pour bien comprendre pourquoi la Côte d’Ivoire a besoin de ce prêt, il est intéressant de se pencher, dans un premier temps, non pas du côté de l’emprunteur, mais de celui du prêteur qui, en “activant” le MEDC et la FEC, en dit plus que ce qu’on se l’imagine quant à la situation du pays.

Premièrement, le MEDC vient aider les pays rencontrant des difficultés graves de balance des paiements à moyen terme. Ainsi, “quand un pays emprunte auprès du FMI, il s’engage à mener des politiques destinées à surmonter des problèmes économiques et structurels. Dans le cadre du MEDC, cet engagement, accompagné d’une conditionnalité spécifique, est en principe fortement axé sur des réformes structurelles qui s’attaquent aux faiblesses institutionnelles et économiques […].

Ensuite, “la FEC s’adresse aux pays […] se heurtant à des difficultés prolongées de balance des paiements, qui portent à penser que la résolution des déséquilibres macroéconomiques sous-jacents de ces pays est à envisager dans un horizon à moyen ou long terme.”

Autrement dit, et pour résumer sommairement, le MEDC va chercher à entériner des réformes structurelles du pays et la FEC va, quant à elle, chercher à soutenir la croissance et la stabilité macroéconomique du pays demandeur.

Une situation économique en demi-teinte pour la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire rencontre donc aujourd’hui des difficultés au niveau de sa balance des paiements. Difficultés qui s’accompagnent également d’un ralentissement notable de la croissance de son PIB (7% en 2021 à 6,7% en 2022). En effet, le conflit entre l’Ukraine et la Russie, un déficit de la campagne céréalière de 2021/2022 et une persistance de la crise sécuritaire ont impacté négativement la croissance en plus d’entraîner une inflation galopante qui se fixe en 2022 à un taux de 7,5% contre 3,6% un an plus tôt, poussée notamment par le mouvement inflationniste des denrées alimentaires et des boissons non alcoolisées.

Or l’endettement du pays s’est fait en grande partie en monnaie étrangère (euro et dollar majoritairement) et non en franc CFA (FCFA). Cela signifie qu’une augmentation de l’inflation en Côte d’Ivoire, plus forte qu’aux États-Unis (5%) et en Europe (6%), a dévalué le FCFA par rapport à ces monnaies et dégradé la capacité du pays à rembourser ses dettes qui continuent d’augmenter par rapport à son PIB.

La dette de la Côte d'Ivoire a nettement augmenté depuis le début des années 2010, ce qui inquiète le FMI.
Évolution de la dette ivoirienne.

Couplé au renforcement de la dette, s’ajoute le déficit de la balance commerciale. Celui-ci est presque historique puisque ne s’étant produit que trois fois depuis qu’il est surveillé en Côte d’Ivoire. Ce déficit fait suite à un contexte mondial trouble et une période compliquée dans l’agriculture qui a impacté les exportations de cacao et de noix de cajou notamment.

Quel avenir pour la Côte d’Ivoire ?

C’est donc dans ce contexte que le FMI intervient en conditionnant ses aides, notamment à l’engagement par le gouvernement ivoirien de substituer le système de subventions universelles accordées aux produits alimentaires et aux carburants par des transferts financiers spécifiquement destinés aux segments les plus fragiles de la société. Ces premières réformes structurelles devraient, sur le long terme, renforcer la balance des paiements du pays. Elles seront également accompagnées d’ajustements au fil des mois et des évaluations du FMI.

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Grégoire Bourdais

est étudiant à l'EDHEC et à l'université de Grenoble (master à distance), passionné d'économie, il s'intéresse tout particulièrement à la question des pays en développement.

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