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Référendum pour l’indépendance du Sud-Soudan : une seule réponse pour beaucoup de questions

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À partir de demain, les Soudanais du Sud auront six jours pour voter pour ou contre la partition de leur Etat et la création d’un Sud-Soudan indépendant. Ce référendum, prévu par le traité de paix qui en janvier 2005 avait mis fin à plus de vingt ans de guerre civile, est une première depuis la décolonisation en Afrique. Les résultats du scrutin seront certainement très favorables à la cause indépendantiste. Les sudistes voient là un moyen de reprendre le contrôle sur les richesses pétrolières qui, malgré leur localisation géographique (à 80% dans le Sud du pays), ont surtout profité aux régions du Nord. Par ailleurs, les enjeux politiques sont forts : les Soudanais du Sud ont toujours souffert d’une nationalité de seconde zone du fait de leur différences ethniques. Khartoum a affirmé que, quel que soit le résultat du référendum, la décision des populations votantes serait bien prise en compte.

On sait donc que, sans doute, le Soudan sera désormais partagé en deux nouveaux Etats… nos connaissances s’arrêtent là. En ce qui concerne l’avenir de ces deux pays, leurs relations, ou encore le maintient de la paix, tous les doutes sont permis. On ne sait pas encore dans quel état le Sud-Soudan, entouré de voisins instables, sortira de l’aventure de l’indépendance, ni même ce que deviendra le Nord une fois amputée de la majeure partie de ses ressources pétrolières. Déjà Khartoum doit faire face aux assauts de l’opposition politique, qui accuse le gouvernement d’Al-Bachir d’être responsable de la perte des régions du Sud et appelle à l’insurrection politique.

L’enjeu sera par ailleurs d’éviter que l’ancienne guerre civile ne se transforme en conflit inter-étatique. Il est intéressant de souligner qu’à la veille d’une possible partition, 20% des frontières entre les deux régions restent encore litigieuses. La région d’Abyei, particulièrement convoitée, est emblématique des difficultés propres au découpage frontalier. Zone de contact entre arabes et Dinkas, l’espace est riche en ressources pétrolières, si bien que le Nord et le Sud essaient tous deux de faire valoir leur droit pour obtenir son contrôle. Une première solution, mise en place par des experts de la Cour pénale internationale de La Haye, proposait de laisser la majorité des puits pétroliers sous le contrôle du Nord et de donner aux populations du Sud le contrôle des terres pastorales et agricoles. Khartoum refuse pour l’instant de respecter cette décision sans assurance que l’Etat du Sud laissera les populations arabes utiliser ces terres indispensables à la transhumance de leur bétail.

La Chine joue un rôle de facilitateur. Et pour cause, en tant qu’importatrice principale du pétrole soudanais, elle a peu d’intérêt à ce que cette situation de paix précaire ne dégénère à nouveau en conflit. En cas d’indépendance, le pétrole transiterait quand même par le Nord pour être exporté. Cette coopération nécessaire entre les nouveaux Etats est un bel espoir pour la région, mais aussi un source de crainte…

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