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Qui sont les Houthis au Yémen ?

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Peu présents dans la presse occidentale avant l’offensive saoudienne au Yémen en 2015, les Houthis font actuellement les gros titres du fait de leurs agissements en mer Rouge en soutien à la cause palestinienne. Les Houthis sont de confession zaydite, branche spécifique du chiisme et peu connue hors du Yémen. Cet article retrace compendieusement leurs origines religieuses et identitaires afin de mieux comprendre leur idéologie.

Le zaydisme : origine religieuse des Houthis

Les zaydites tirent leur nom de Zayd bin Ali, arrière-petit-fils d’Ali, lui-même vénéré par tous les chiites, cousin et gendre du prophète Mahomet. Zayd a mené un soulèvement contre l’empire omeyyade en 740 et fut martyrisé lors de sa révolte. Le fait marquant retenu de la biographie de Zayd est sa lutte contre un régime considéré comme corrompu. Ce faisant, les zaydites ont fait de la lutte contre la corruption la pièce maîtresse de leur programme politique, du moins nominalement. Au IXe siècle, les zaydites s’établirent dans les montagnes du nord-ouest du Yémen où ils régnèrent pendant mille ans. Aujourd’hui, les zaydites représentent environ un tiers de la population yéménite majoritairement sunnite.

Du point de vue dogmatique, à l’instar des diverses dénominations chiites, les zaydites croient que seuls les descendants du prophète Mahomet ont le droit de diriger la communauté musulmane. Toutefois, contrairement aux chiites duodécimains majoritaires en Iran, les zaydites ne croient pas aux ayatollahs (guide suprême). Les chiites duodécimains croient que le douzième imam disparu en 874 après J.-C., reviendra un jour pour inaugurer une ère de justice en tant que Mahdi (celui qui est promis). En l’absence du Mahdi, les chiites duodécimains croient que des guides suprêmes peuvent se substituer à son autorité. Ainsi, les fidèles sont tenus d’obéir à leurs décisions religieuses, un pouvoir transféré à la théocratie iranienne après la révolution de 1979. Pour leur part, les zaydites ne reconnaissant que cinq imams et sont donc une branche très différente de la version iranienne du chiisme.

La chute de l’imamat zaydite

En 1962, une cabale militaire révolutionnaire soutenue par l’Égypte renversa la monarchie zaydite au Yémen du Nord et établit un gouvernement nationaliste arabe. Les royalistes zaydites se réfugièrent dans les montagnes pour mener une guerre civile afin de reprendre le contrôle du pays avec le soutien de l’Arabie saoudite. En effet, les années 1960 sont une période de « guerre froide arabe » où le panislamisme mené par le roi saoudien Fayçal s’oppose au panarabisme de l’Égyptien Nasser. Cette guerre par procuration entre Riyad et Le Caire se termina par une victoire républicaine après que les deux belligérants mirent fin à leur rivalité régionale et se désintéressèrent de la guerre civile au Yémen.

En effet, le pragmatisme prévalut dans les deux camps lorsqu’un un certain nombre d’officiers républicains et chefs tribaux zaydites se convertirent au sunnisme afin de bénéficier du patronage de leur voisin saoudien. Des religieux salafistes saoudiens furent envoyés dans des mosquées traditionnellement zaydites au nord du Yémen afin de saper l’influence des chefs zaydites qui avaient dirigé l’imamat jusqu’à lors. Après une succession de coups d’État en 1978, Ali Abdullah Saleh, général républicain zaydite, arriva au pouvoir et gouverna pendant 33 ans en unifiant le nord et le sud du Yémen en 1990.

La généalogie des Houthis

Les Houthis appartiennent à une ancienne aristocratie hachémite se revendiquant de la descendance du prophète Mahomet. Sous le règne de l’imamat zaydite, ils jouissaient du monopole du leadership politique et religieux.

Hussein, chef martyr des Houthis
Hussein al-Houthi, martyr et figure emblématique

L’appellation des Houthis a pour origine le nom de leur guide spirituel, Badreddine al-Houthi. Son fils, Hussein Badreddine al-Houthi, éminent religieux zaydite et membre du parlement yéménite de 1993 à 1997, devint un fervent critique du président Saleh dans les années 1990. Il reprochait au gouvernement son alignement sur les États-Unis et Israël. Insatisfait du statut politique et économique des zaydites, Al-Houthi commença à rallier des partisans pour des manifestations antigouvernementales au début des années 2000.

Le gouvernement émit alors un mandat d’arrêt contre Al-Houthi et ses partisans se heurtèrent violemment aux forces de sécurité qui abattirent Al-Houthi en 2004. Ce fut le début de soulèvements menés par ses partisans contre le gouvernement en réponse aux campagnes de répression dont ils firent l’objet. Les Houthis signèrent un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement en 2010. Toutefois, un an plus tard, ils participèrent activement aux manifestations du Printemps arabe contre le président Saleh. Après une période d’alliance fragile entre les Houthis et le président Saleh (2014-2017), ce dernier changea de camp en s’alignant sur la position saoudienne et se fit assassiner par les Houthis.

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Ameerah Ismael

Diplômée d'un master en Relations internationales et Diplomatie et d'une licence en Langues étrangères appliquées (anglais-arabe-hindi) de l'Université Jean Moulin Lyon 3. Intéréssée par les enjeux politiques, militaires et sociétaux au Moyen-Orient mais également à l'Extrême-Orient.

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