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L’Afrique : un développement hypothéqué par de multiples rentes

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Sur le continent africain, nombre d’Etats peuvent être qualifiés d’Etats rentiers : leur économie est fondée sur l’exportation de quelques produits garantissant la majorité des revenus du pays. Avant même la colonisation de l’Afrique, la traite négrière peut être considérée comme une rente. Aujourd’hui, certaines de ces rentes découlent immédiatement de l’époque coloniale : c’est le cas de l’agriculture d’exportation ou de l’exploitation minière. La Côte d’Ivoire est ainsi le premier producteur mondial de cacao devant le Ghana. En République Démocratique du Congo, l’extraction minière représente près de 30% du PIB et 70% des recettes d’exportation.  On trouve en effet d’innombrables métaux en Afrique : or, diamants, fer, cuivre, cobalt, manganèse, uranium, etc. Les hydrocarbures, eux aussi, jouent parfois un rôle prépondérant : au Gabon, par exemple, le pétrole est à l’origine de 53% du PIB et de 82% des recettes d’exploitation en 2009.

Aujourd’hui, de nombreuses autres rentes se développent sur le territoire africain. Le tourisme est par exemple devenu une source incontournable de devises en Tunisie. Certains pays jouissent aussi d’une position stratégique source de revenus : c’est vrai par exemple pour l’Egypte grâce au Canal de Suez mais aussi de pays abritant des bases militaires étrangères, comme Djibouti. Le Libéria tire quant à lui des revenus conséquents grâce aux pavillons de complaisance. Moins reluisant, des pays profitent de la production de drogues. Le Maroc est à ce titre l’un des premiers producteurs de cannabis au monde.

Si à première vue ces rentes peuvent avoir un effet bénéfique sur l’économie de ces pays (en dopant notamment les exportations et améliorant ainsi la balance commerciale), il s’avère qu’en réalité, elles les piègent dans une économie exportatrice mais non productrice. En outre, l’économie de ces Etats dépend donc très majoritairement d’un ou deux types de production. Par conséquent, la volatilité des marchés des matières premières et agricoles provoquent de terribles soubresauts dans ces économies. Par ailleurs, certaines de ces ressources, telles que le gaz, sont parfois épuisables et ne donnent aucune perspective à ces pays. De plus, on assiste bien souvent à un néocolonialisme de la part des firmes occidentales, dont le niveau technologique est souvent nécessaire à l’exploitation des ressources du sous-sol. La présence d’Areva au Niger ou de BP en Libye illustre cet état de fait.

Malgré une multitude d’autres freins, tout ceci explique en partie le retard du développement africain. Pire : dans de nombreux cas, cela invite au pessimisme quant à l’hypothèse d’une croissance saine future. En attendant, ce qui peut s’apparenter à un pillage se poursuit sur le continent africain…

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