L’économie au centre de la crise ivoirienne
Les premiers effets des sanctions qui ont touché la Côte d’Ivoire suite à l’échec du deuxième tour des élections présidentielles du 28 novembre se font sentir depuis le début de la semaine et tendent à faire penser qu’Alassane Ouattara a fait le bon choix en privilégiant la guerre économique au conflit armé.
Mardi, la bourse d’Abidjan, qui gère les titres boursiers de huit pays d’Afrique de l’ouest, a fermé ses portes pour protester contre la réquisition la semaine dernière de ses locaux par le clan présidentiel, appuyé par l’armée.
Par ailleurs, le secteur bancaire ivoirien connaît actuellement une crise sévère. Elle est le résultat de la politique mené par Alassane Ouattara auprès de la BCEAO (Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest), qui a pris position à ses côtés et a annoncé fin janvier des sanctions lourdes envers les banques qui continueraient à financer les affaires du gouvernement Gbagbo. Lundi 14 février, deux groupes bancaires internationaux ont annoncé la suspensions provisoires de leurs activités en Côte d’Ivoire, estimant ne plus pouvoir effectuer leurs transactions dans des conditions de sécurité suffisantes. Il s’agit de la Bicici, filiale locale de BNP Paribas, et de Citibank.
Le manque de liquidités, dû à la rupture des relations avec la BCEAO, se fait fortement ressentir et a contraint la SGBI, filiale de la Société Générale et leader du marché bancaire ivoirien, à annoncer à son tour une fermeture temporaire. Dans l’angoisse de perdre leurs placements bancaires, les ivoiriens retirent depuis ce matin leur argent en masse dans les guichets de banque encore ouverts. Désormais tous les doutes sont permis concernant le versement des salaires des fonctionnaires, qui sont pourtant un soutient non négligeable du camp Gbagbo, et pourraient bien retourner leurs chemises s’ils ne recevaient pas leurs traitements.
Le secteur bancaire n’est pas le seul à être en crise. Celui du cacao, tout aussi vital pour l’économie ivoirienne (rappelons que le pays en est le premier producteur mondial), est aussi en difficulté. Les exportations sont doublement bloquées : à la fois par l’embargo proclamé par l’Union européenne (et qui a amené les producteurs à manifester ce jeudi devant la délégation de l’UE) et par l’interdiction décrétée le 23 janvier par Alassane Ouattara d’exporter du cacao pendant un mois. Interdiction qui pourrait bien être reconduite si la situation politique n’évolue pas.
Comme on pouvait le prévoir, l’économie ivoirienne est désormais dans un état critique : les entreprises n’ont plus accès aux ressources pour investir, des pénuries de produits de base se font régulièrement sentir, etc. Que se passera-t-il lorsque le camp Gbagbo n’aura plus les moyens de rétribuer ses fonctionnaires… et l’armée ?