Présidentielles sénégalaises : Le peuple a les cartes en main
Le second tour des élections présidentielles sénégalaises opposera Abdoulaye Wade à Macky Sall. L’enjeu est de taille, le Sénégal a l’occasion de changer le pouvoir en place qui a mis la démocratie en péril ces dernières semaines.
La Commission nationale de recensement des votes a annoncé que le président sortant, Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre, passé depuis dans l’opposition, s’affronteront au second tour des élections présidentielles. Au premier tour, A.Wade a recueilli 34,85 % des voix contre 26,57% pour Macky Sall. On aurait pu croire que les soulèvements de ces dernières semaines auraient fait se déplacer en masse les électeurs ; or la participation a été de 51,58%, soit 26% moins élevée qu’en 2007. Le scrutin s’annonce donc indécis, le présidant sortant pourrait récolter les voix des abstentionnistes au second tour mais son opposant devrait disposer de l’électorat de la majorité des autres candidats arrivés derrière lui à ce premier tour. Macky Sall a jugé que le suffrage était « transparent » réfutant la crainte que ce scrutin soit entaché par des fraudes électorales.
L’élection s’annonce sous de meilleurs hospices que la campagne, marquée par des violences inhabituelles au Sénégal.
En effet, Abdoulaye Wade avait mis le pays en ébullition après avoir annoncé qu’il se présenterait une nouvelle fois après déjà deux mandats consécutifs. Exemple de démocratie sur le continent africain, le pays a l’occasion de s’affranchir des turbulences dans lesquelles il a été plongé depuis quelques semaines en boutant A.Wade hors de la présidence. Le postulat pour un troisième mandat consécutif de A.Wade n’a guère été apprécié parmi la population, les opposants ainsi que la communauté internationale.
Macky Sall avait été limogé de son poste de Premier ministre en 2008 après avoir demandé au fils du président, Karim Wade, des explications sur sa gestion de l’agence nationale devant l’Assemblée Nationale. Toutefois celui-ci joue la carte de l’apaisement en annonçant qu’en cas de victoire, il n’instaurera pas « une chasse au sorcière » qui pourrait encore plus déstabiliser le pays. Il émet aussi le souhait de la mise en place d’un gouvernement d’ouverture.
Macky Sall semble être dans une posture favorable pour prendre le pouvoir au Sénégal. Après les violences qui ont eu lieu ces dernières semaines, le pays retrouve progressivement son calme. Le second tour aura, vraisemblablement, lieu le 18 mars prochain ; la population a son destin en main : élire un président vieillissant dont les dernières manœuvres ont mis à mal la démocratie ou voter pour le changement.