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L’Union européenne au Sahel : le bilan

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Après 10 ans d’implication au Sahel, l’Union européenne se détache désormais de cette région pour des raisons politiques. Mais quel bilan pour l’action de l’Union européenne sur la sécurité au Sahel ?

Après 10 ans d’implication au Sahel, l’Union européenne se détache désormais de cette région pour des raisons politiques. Mais quel bilan pour l’action de l’Union européenne sur la sécurité au Sahel ?
Après 10 ans d’implication au Sahel, l’Union européenne se détache désormais de cette région pour des raisons politiques. Mais quel bilan pour l’action de l’Union européenne sur la sécurité au Sahel ?

L’ambition de devenir un acteur de la sécurité internationale

Le Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, déclarait que l’Europe devait devenir « a security provider ». L’Union européenne ambitionne d’être un acteur incontournable de la sécurité internationale depuis sa genèse. Cela s’est notamment matérialisé avec la création du Service européen pour l’action extérieure (SEAE) en 2010. L’UE opère depuis plusieurs années hors de son territoire où elle occupe un rôle de soutien aux forces de sécurité.

Le Sahel, « laboratoire d’expérimentation » de l’Union européenne

Les chercheurs présentent souvent le Sahel comme un laboratoire d’expérimentation pour l’action extérieure de l’UE. L’Union européenne s’est saisie de la situation du Sahel comme une occasion de se donner un rôle plus important en tant qu’acteur de la sécurité. L’UE est aujourd’hui l’un des principaux bailleurs de fonds au Sahel, tant pour l’aide au développement que pour la sécurité. Cette situation est inhabituelle pour une organisation surtout connue pour sa puissance commerciale et son aide au développement.

L’action de l’Union européenne au Sahel s’est appuyée sur des programmes qui se revendiquaient « techniques » (formation de l’armée et de la police, développement économique, éducation). L’UE a privilégié une approche technocratique qui se concentrait sur les structures et les processus à mettre en place. Elle a notamment déployé trois missions de terrain au Sahel : la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM Mali), la Mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure maliennes (EUCAP Sahel Mali) et la Mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure nigériennes (EUCAP Sahel Niger).

Des actions largement critiquées

L’Union européenne a souvent été critiquée pour son opportunisme et son manque de stratégie de long terme. En effet, des voix se sont élevées pour dénoncer un contrôle excessif des frontières au Niger, largement financé par l’UE. Souhaitant éviter une nouvelle « crise migratoire » comme celle de 2015, l’Union européenne a vu dans la stabilité du Sahel un enjeu pour sa propre sécurité. Ainsi, le contrôle aux frontières a constitué une forme d’externalisation des frontières de l’Union européenne au sens où l’UE a délégué une partie de la gestion des flux migratoires, qui lui incomberait normalement, aux pays du Sahel.

Le paradoxe du modèle étatique promu par l’Union européenne au sein de ses programmes a également été critiqué. Selon ce modèle, l’État et ses infrastructures devaient être très présents sur l’ensemble du territoire sahélien (principalement pour assurer la sécurité) mais devaient limiter leur pouvoir souverain pour assurer le développement du néolibéralisme. En pratique, pour un État fragile, si les gouvernements fournissent davantage de services de sécurité sans regagner la confiance des citoyens avec d’autres types d’infrastructures, cela peut sembler incohérent pour les populations.

Enfin, les programmes de formation de l’Union européenne ont souvent été qualifiés de trop théoriques et inadaptés aux besoins de terrain des forces sahéliennes. Un autre enjeu était également l’approvisionnement en matériel militaire pour les missions de formation. En effet, la mission EUTM Mali n’a pas fourni suffisamment d’équipements létaux aux soldats formés. L’UE n’avait, jusqu’à 2021, pas d’instruments qui lui permettait de le faire.

Bilan de l’UE au Sahel : un échec ?

Malgré les dix années d’implication de l’UE, les États sahéliens se trouvent aujourd’hui dans des situations plus déplorables qu’auparavant. L’UE a tenté de remédier à certains écueils, avec la création de la Facilité européenne pour la paix. Toutefois, les coups d’état au Sahel ont contraint le SEAE à reconnaitre l’échec de son intervention.

Enfin, l’Union européenne n’est aujourd’hui plus la seule puissance à convoiter le Sahel comme zone d’influence. La Russie, via le groupe paramilitaire Wagner, s’implique davantage au sein des enjeux sahéliens. Le coup d’état au Niger a marqué le suspension des principales actions et financements de l’UE au Sahel. L’UE a récemment adopté un cadre de mesures restrictives à l’égard des putschistes.

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Matthias Rétel

Diplomé de King's College London en Relations Internationales et de Science Po Grenoble en Études européennes, Matthias Rétel travaille actuellement en tant qu'assistant de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP).

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