Chavez, le roi se meurt
A peine réélu pour un nouveau mandat de six ans, Hugo Chavez vient de connaître une rechute de son cancer, révélé il y a quelques mois. Les rumeurs de décès se font légion et le doute semble désormais permis quant à sa réelle (re)prise de fonction.
Il ne fait pas peu dire qu’H. Chavez aura marqué sa génération. Il est un président dont la politique est un subtil mélange entre bolivarisme et castrisme (celui de Fidel, et non celui de son frère Raul). Il a su séduire la majorité pauvre de son pays, fer de lance de son électorat, à travers des politiques sociales plus idéalistes que celles de Lula mais dont le résultat apparait proche. Il a mis à sa botte les médias, les dirigeants, mais, au bout de pratiquement quinze ans d’exercice, son véritable échec aura été de ne pas avoir sorti le Venezuela de sa dépendance pétrolière et gazière. PDVSA, la compagnie nationale pétrolière du pays, n’est plus qu’un gouffre financier, dont les profits ont été ardemment prélevés afin de financer les politiques sociales chavistes.
Sur le plan international, Chavez aura incarné un anti-américanisme beaucoup moins exacerbé et violent que celui pratiqué par son ami M. Ahmadinejad, ce qui l’a propulsé au rang de premier adversaire des Etats-Unis et l’a rendu populaire parmi le altermondialistes. Sa rhétorique anti-bushiste, durant huit ans, l’a bien plus mis en valeur que son attitude hésitante face à Barack Obama. On peut mettre à son crédit le développement d’un rapprochement avec certains pays d’Amérique Latine et d’avoir initié sur ce continent une vague « rose ». Néanmoins, la récente entrée du pays dans le Mercosur, ensemble défendant les thèses libérales, son double jeu avec les Etats-Unis (premier partenaire commercial du pays et néanmoins ennemi désigné) et certaines de ses saillies politiques ternissent son bilan.
Sa seule faute, ne pas avoir prévu sa succession
Aujourd’hui, le pays est dans l’embarras. Certes, il a désigné Nicolas Maduro, son vice-Président, comme son successeur au cas où il viendrait à mourir. Mais Chavez aura laissé une telle empreinte sur son pays que le Parti Socialiste vénézuélien semble promis à une lutte intestine vivace, qui pourrait bien profiter à l’opposition menée par Henrique Capriles.
Au final, Chavez a représenté une alternative crédible au tout-libéralisme qu’il a ouvertement vilipendé. Néanmoins, comme son modèle F. Castro, la lutte était bien trop inégale, et ce malgré l’énorme richesse pétrolière vénézuélienne. Alors que tous préparent sa nécrologie, il est capable de faire mentir ses contradicteurs et de se maintenir au pouvoir à l’aide de vices institutionnels qu’il aura lui-même contribué à façonner. La dernière pirouette d’un tribun au charisme enjôleur mais aux idées trop idéalistes pour être véritablement efficaces ?