La nouvelle stratégie d’Obama sur le terrorisme
Dans un dossier de cinquante-deux pages qui contrebalance son idéalisme entrevu durant la campagne présidentielle, le Président américain B.Obama décrit une stratégie qui reconnait les limites du « shaping » (c’est-à-dire façonner l’environnement mondial selon ses propres valeurs et volontés) américain. Ce dossier rompt définitivement avec l’ère bushienne, où la guerre contre le terrorisme devait être l’objectif principal des Etats-Unis. Il souhaite la restauration de la confiance envers les institutions internationales, confiance renouvelée afin de lutter contre les menaces actuelles.
Mais ce dossier permet surtout un abandon de toute idée de « guerre contre le terrorisme ». Le mot « islamique » est d’ailleurs retiré, Obama préférant parler d’ « extrémisme violent ». C’est ainsi que la défense intérieure est renforcée, aux dépens de la lutte globale contre le terrorisme. Cependant, le rapport affirme que « la sécurité interne est intégrée dans la stratégie de sécurité mondiale ». En réalité, la crise économique a sonné le glas des déficits jumeaux prégnants chez les présidents conservateurs, au profit d’un retrait des forces américaines sur le globe et d’une meilleure sécurité du territoire américain. On retrouve ainsi la rhétorique très pacifique d’Obama, en faveur d’un usage de la force en ultime recours. N’est-ce pas le retour du soft power américain, que Joseph Nye* décrivait comme moins couteux que le hard power, notamment en termes de coût diplomatique ?
C’est tout simplement la preuve que les Etats-Unis prennent peu à peu conscience des enjeux internationaux, de l’inefficacité (relative) de l’usage immodéré de la force, ayant des conséquences dramatiques sur l’image des Etats-Unis. Mais certains, déjà, ne manquent de stigmatiser cette posture trop pacifique, attentiste même, de B.Obama : celui-ci est critiqué pour ne pas mettre en valeur le rôle singulier joué par les Etats-Unis, lorsque le président américain recherche la coopération d’autres nations. La posture d’Obama reste malgré tout offensive, notamment sur les sujets iraniens et nord-coréens. Il souhaite leur retour à la table des négociations, sinon les Etats-Unis « utiliseron[t] tous les moyens pour augmenter leur isolement ». Voilà peut-être ce qu’attendaient, enfin, les pays occidentaux : une Amérique à l’écoute, offensive sur les sujets sensibles, abandonnant en partie l’héritage bushien, que l’Amérique a, décidément, bien du mal à oublier.
*Lire Bound to lead : the changing nature of American power, 1990