De nouvelles tensions entre le Venezuela et la Colombie
Trop c’est trop. Après les accusations colombiennes au sujet d’un éventuel soutien du président vénézuélien à des guérilleros il y a quelques mois, les autorités colombiennes ont aujourd’hui dénoncé, à travers la voix de leur futur ex-président Alvaro Uribe, l’accueil de révolutionnaires colombiens au Venezuela. La Colombie avait pourtant prévenu maintes fois le Venezuela de la présence de ce qu’elle considère comme des « terroristes », mais sans conséquences. Selon la Colombie, se trouveraient au Venezuela des chefs des deux principales organisations révolutionnaires colombiennes, les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, marxiste) et l’ELN (Armée de Libération Nationale, guévariste).
Quant à lui, le président Chavez préfère critiquer la véhémence d’Uribe plutôt que de reconnaitre de couvrir ces présumés terroristes. A vrai dire, les relations entre les deux pays ont reflété les accords et surtout les désaccords successifs entre Uribe et Chavez, deux personnalités au charisme imposant et aux politiques étrangères antinomiques. Le summum des tensions avait été atteint il y a un an déjà, lorsque le très pro-américain Uribe avait choisi d’accueillir des bases américaines dans son pays, entrainant le gel temporaire des relations entre les deux pays, décidé par Chavez, leader du mouvement socialiste sud-américain et farouchement opposé à toute dérive impérialiste américaine.
Mais sur l’affaire elle-même, il semble bien qu’elle soit plus liée à un coup politique qu’autre chose. A vrai dire, selon plusieurs sources officielles, le gouvernement colombien est en possession de ces informations depuis de nombreux mois, mais a choisi de ne les révéler qu’aujourd’hui, à la veille de l’arrivée au pouvoir du nouveau président Santos. Santos parait en effet plus favorable à une normalisation des relations avec Chavez.
Voilà de quoi inquiéter les Etats-Unis, car la Colombie constituait son véritable seul appui politique de la région (excepté, à une moindre mesure, le Chili), depuis le « giro a la izquierda » du début des années 2000. En effet, Chavez, puis plus tard Correa en Equateur, et l’aymara Morales en Bolivie sont les principaux acteurs d’un mouvement socialiste fort en Amérique Latine. Néanmoins, sachons raison garder. Cette affaire reste a priori un épiphénomène d’ordre politico-médiatique, reflétant bien les années de discorde entre les deux pays, notamment au sujet des guérillas marxistes sévissant en Colombie. Quoi qu’il en soit, la lutte contre les FARC et l’ELN devrait passer par une normalisation des relations diplomatiques entre la Colombie et le Venezuela.