Prospective économique : rebouchez le champagne !
Il y a plus d’une semaine les observateurs s’entendaient pour dire que l’économie mondiale était en train de repartir, notamment grâce aux excellentes prévisions de croissance américaines. Seulement des prévisions plus exactes viennent de tomber et conjuguées avec les dernières déclarations de la Fed et de la Banque Centrale chinoise, elles invitent plus à la prudence qu’à l’euphorie.
La semaine dernière encore, les Etats-Unis annonçaient un PIB en croissance de 2.4% en moyenne pour le premier trimestre 2013. Une croissance forte étant donné le contexte, encore plus si on la compare à la croissance du dernier trimestre de 2012 : 0.4%. Le message était clair : le moteur de la croissance mondiale repartait et les investissements allaient suivre. Mais aujourd’hui il a fallu remettre les bouteilles au frais : le gouvernement a annoncé que son estimation était légèrement optimiste et qu’il fallait plutôt s’attendre à une croissance de 1.8%. La faut en vient à une consommation qui a cru moins vite que prévu ainsi qu’à des exportations en baisse de 1.1% alors que la précédente estimation les pensaient en croissance de 0.8%. Une nouvelle qui a eu un écho plus important que prévu à cause d’une déclaration du président de la Réserve Fédérale la semaine dernière.
En effet, Ben Bernanke a annoncé que la Fed allait faire ralentir la planche à billet, privilège de l’économie américaine qui est la seule à pouvoir l’employer sans conséquences néfastes directes sur son économie. A cette déclaration les taux d’intérêts obligataires se sont envolés avant de se calmer mais la situation reste tendue. La Fed a tenté d’éteindre l’incendie en disant que cette diminution de l’interventionnisme massif était le signe que l’économie américaine se redressait. Pas sûr que les révisions à la baisse de la croissance donnent aux investisseurs envie de rire.
Un événement qui fait écho aux dernières difficultés de la Chine.
Le pays est en manque de liquidités et sa Banque Centrale a refusé d’en injecter d’autres dans le marché alors que les taux de crédit interbancaires ont bondi en deux semaines, ce qui met les établissements bancaires en difficulté. La bourse de Shangaï a encaissé sa plus forte baisse depuis le 31 août 2009 à -5.3% reflétant l’atmosphère délétère du marché.
Enfin dans ce contexte instable la zone euro essaie d’avancer au mieux. Mario Draghi a confirmé que la BCE maintiendrait une politique « accommodante ». Il a aussi souligné le rôle crucial de l’OMT, le dispositif de rachat massif de dettes sur les marchés (équivalent de la planche à billet) dans la stabilisation de la crise de la zone euro. En bref, la BCE qui a longtemps gardé une orthodoxie monétaire typiquement germanique pendant que la Fed distribuait des dollars à tout le monde, maintient une politique généreuse à l’égard des dettes alors que la Fed tente de resserrer la vis.
Un but à cela : la stabilité. La BCE ne veut pas retirer l’assistance qu’elle donne aux Etats et Angela Merkel ne bougera pas avant les élections de septembre. Quant aux américains, ils savent que même si théoriquement ils peuvent jouer de la planche comme ils le souhaitent, il y a une fin à tout. Alors autant décider à quelle moment et sous quelle modalité elle aura lieu.